Champignons et contes de fées [Ouvert]

[HJ:Si quelqu'un s'ennuie lui aussi et se sent inspirer pour me répondre, il est le plus que bienvenu!]

Il faisait plutôt frais en cette fin d'octobre dans la salle commune des Serpentards. Aucun feu n'avait été allumé dans la cheminée ouvragée, au plus grand plaisir d'Oscar, qui savourait cette atmosphère rafraîchissante. La pièce était déserte, la plupart des élèves devant profiter des derniers jours de beau temps, errer dans les couloirs en quête d'une bonne farce à faire aux premiers années, ou encore traîner à la bibliothèque pour finir in-extremis un devoir à rendre. Le jeune suédois, lui, n'était dans aucune de ces situations. Tout d'abord, il faisait bien trop chaud dehors en Angleterre pour qu'il risque d'y mettre un pied, au moins jusqu'à mi-novembre. Ensuite, il n'aimait pas se mêler aux blagues grotesques de ses camarades de dortoirs. Il tenait un minimum à éviter les représailles et à respecter le règlement. Intentions qui lui évitaient d'ailleurs bon nombre d'ennui. Même si parfois, il est vrai, il se laissait tenter à littéralement pourrir la vie de quelqu'un... comme celle du jeune lupin par exemple. Mais c'était différent ! Avec le loup, il ne s'agissait pas de plaisanteries mais bel et bien de vengeance. De plus, il avait, contrairement à d'autres, le mérite de toujours oeuvrer avec discrétion et subtilité ! Il était un rusé Serpentard après tout, pas un de ces casse-cou de Griffondors. Et enfin, Oscar Christopher Nils Rafael Von Anderson, n'était jamais jamais jamais en retard dans son travail.
Trois bonnes raisons donc, qui faisait qu'il était là, installé sur les fauteuils délicats de la salle commune des Serpentards, alors que les cours étaient terminés depuis une petite heure seulement. Petite heure qu'il avait sagement mise à profit pour relire sa leçon d'histoire de la magie, s'exercer à quelques métamorphoses et commencer l'introduction de son devoir de potion. A présent, il feuilletait un ouvrage emprunter la veille à la bibliothèque, dont le titre en aurait rebuté plus d'un : De l'Agaric améthyste à la Xylaire polymorphe, les champignons et les potions, des siècles de collaborations. Mais au delà de cet effrayant préambule, ce pavé avait le net avantage de cacher entre ses lignes les réponses à certaines des nombreuses questions que le professeur Slugorn leur avait si gentiment données.
Néanmoins, lorsqu'il arriva à l'Auriculaire mésentérique – il n'avait donc pas parcouru la moitié du tiers du quart du huitième du bouquin - le jeune garçon soupira et referma lourdement l'énorme volume qui en profita pour cracher bon nombre de poussières. Posant le livre à ses pieds et se calant plus confortablement dans le canapé, Oscar sortit de son sac un tout autre genre d'ouvrage : Contes et légendes à travers le monde.
Ca, c'était un idée de sa soeur. Un cadeau même. Envoyé par hibou deux jours auparavant. En ouvrant la couverture - où un couple sur son trente-et-un tournoyait au rythme d'une inaudible musique - on pouvait lire deux choses. La première était l'astérisque minuscule qui, en coin de page, indiquée : « inspirés de contes moldus ». Une inscription qui aurait fait hurler son père s'il l'avait aperçut. Le jeune garcon s'était d'ailleurs empressé, lorsqu'il l'avait reçu, de dissimuler ces mots, ainsi que le titre, par un petit sort familial. Il en avait d'ailleurs également profiter pour sceller le livre. Car ses camarades n'étaient réputés ni pour leur tolérance envers les moldus, ni pour celle envers les garçons qui lisait des contes de fées. Pas que ce soit son genre, entendons nous bien !
La seconde chose qu'on pouvait voir était le petit mot de sa soeur, inscrit de sa belle écriture ronde. « A mon frère Oscar, pour que tu apprennes à être gentil avec les princesses. Ta petite soeur Linny ».
C'était tout elle ca ! A avoir des idées aussi saugrenues que d'envoyer des histoires de princes et de princesses – moldues en plus - dans le dortoir des verts et argents.
Mais il ne lui en tenait pas rigueur. A ses yeux Poudlard devait être différent. Comme la promesse d'une vie meilleure, d'une vie plus libre où tout serait permis. Et il comprenait ces rêves silencieux. Comprenait ce besoin de s'imaginer un ailleurs où tout serait tellement plus simple. Un ailleurs que Linny ne verrait malheureusement jamais. Car la jeune fille ne connaîtrait jamais rien d'autre que les couloirs froids du manoir Von Anderson. Car elle ne ferait jamais rien d'autre que de passer ses journées seule, à jouer avec ses propres fantômes, évitant de croiser les véritables habitants du manoirs, ses propres parents. Oui, rien d'autre. Sauf les nuits fatidiques où il ne lui restait plus comme terrain de jeu, que l'obscurité glaciale et humide de la cave. Oui, Oscar savait tout cela. Tout comme il savait que, du haut de ses quatorze ans, il n'y pouvait rien faire. Rien faire à part lui écrire aussi souvent que possible, rentrer à chaque vacances pour être à nouveau avec elle. Rien faire à part devenir plus fort pour qu'un jour, il puisse la sauver. Rien faire à part lui offrir un sourire en lisant ses contes de fées.
Le jeune garçon ouvrit l'épais ouvrage, feuilletant au hasard, admirant les dessins délicats, animés comme des photos sorcières. Des princesses dansant en froufrous, des princes galopant à travers vents et marées. Des fées aux ailes multicolores vrombissant sur le papier blanc. Des dragons aussi, des trolls, des nymphes, des lutins, des sirènes. Toutes ses choses qui, même pour un sorcier, paraissaient magiques.
Tournant une nouvelle page, il tomba sur une fable qui attira son attention : Le Merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède. Il sourit, découvrant avec délectation des paysages, presque plus vrais que nature, qui lui étaient si familiers. Tout comme le récit d'ailleurs. Il lui semblait l'avoir déjà entendu. Peut être dans ce lointain passé où sa mère lui racontait encore des histoires pour s'endormir. Il ne pu s'empêcher de sourire à cette pensée, et remercia mentalement sa soeur pour ce curieux cadeau.
Puis, poussé par la curiosité, il commença à lire les premières ligne de ce voyage singulier. Ca, c'était beaucoup plus passionnant que la vie privée et secrète des champignons.