Octobre & sa mélancolie [Shannen]

Octobre et sa mélancolie abritait ses pensées tandis qu’allongé sur l’herbe longeant le lac, il se prélassait auprès des quelques rayons solaires. Il nota avec amertume que ceux ci étaient moins chaleureux maintenant que l’automne avait établi sa demeure sur le continent. Le jeune serdaigle supportait largement l’écharpe blanche & bleu qui lui couvrait la nuque. Frisquet était le mot qui communiait en silence ce matin là alors que la mélodie des tons chauds se jouaient sous ses yeux. Une horde de feuilles aux teintes criardes s’évanouissaient à même le sol dans une ultime symphonie, une dernière pirouette, un dernier hommage à la floraison passée. Les souvenirs s’envolaient & la promesse d’un Renouveau se tairait déjà quelque part, insaisissable. C’est dans cet atmosphère aussi poétique que nostalgique que Jeile avait décidé de passer son heure de fourche. Après une heure de tentative vaine pour changer une grenouille en théière, le jeune sorcier s’était révélé aussi talentueux qu’un troll. En effet, seul l’embout de l’objet pointait entre les deux yeux de l’invertébré. Rien donc de très convaincant, ce qu’il le rendait frustré par cet leçon. Il détestait se vautrer de la sorte même lors du premier essai.

Chassant l’amertume d’un coup de tête vers la droite, il se ressaisit. « Pouah c’est qu’un cours parmi tant d’autres, je ferais mieux demain sûrement. » La métamorphose n’avait pas le don de le passionner mais il appréciait quand même les exercices pratiques qui se révélait toujours fort attrayants. Surtout pour une personne née moldue… Enfin… Jeile grimaça alors qu’un nœud se forma à l’entrée de son larynx. La magie lui avait été étrangère jusqu’à ses douze ans bien que son père eut été immergé dans ce monde dès la naissance… Mettant rapidement de côté l’angoisse ainsi que la rage qu’il l’animait, le serdaigle se releva un peu afin de caler son dos contre le tronc d’un arbre qui passait par là. Dans cette position, il prit alors conscience qu’il n’était pas le seul à profiter de l’étendue aqueuse pendant les trous manquants de son horaire.

A l’instar des teintes automnales, la jeune fille arborait une chevelure brune & deux grands yeux marrons. Le blason des poufsouffles couraient autour de sa nuque & Jeile l’identifia alors comme sa voisine de table quand ils prenaient place au cours de potions. Il savait à quel point la pauvre sorcière avait dû subir l’odeur nauséabonde qui s’échappait généralement de ses chaudrons alors qu’il tentait désespérément de suivre la recette du professeur. Exécrable dans ce domaine, il en était peu fier, encore plus si les autres devaient en empâtir de manière olfactives… D’un mouvement souple, il se hissa sur sa paire de pieds & partit à la rencontre de la jeune fille qui était toujours debout, accostée à un des arbres. Jeile se posta face à elle & lui offrit un sourire pour démarrer la discussion. Elle s’empourpra immédiatement, la timidité rongea ses prunelles jusqu’à ce qu’elles se détournent de l’interlocuteur.

Salut ! Shannen, c’est ça ? Tu as aussi une petite heure à tuer à ce que je vois ?

Voyant qu’elle manquait d’assurance & que la présence d’un garçon amplifiait seulement sa gêne, Jeile chercha à la mettre à l’aise. Il ne voulait pas qu’elle s’embarrasse de sa présence.

J’espère que la puanteur de mon essai d’antidote au dernier cours de Slughorn ne t’a pas incommodée ? Le professeur lui même a failli s’évanouir rien qu’en le reniflant… C’était vraiment pas glorieux de ma part hein ?

Il partit ensuite sur un léger rire pour encourager la tension à s’apaiser sur les traits de Shannen qui semblait toujours aussi peu apte à communiquer.

On a potions après non ? Je vais encore faire un massacre. Je sens que je ne peux guère comptait à atteindre un satisfaisant à cette B.U.S.E. là… Je m’en fais déjà une raison…

Jeile jetait des coups d’œil un peu inquiet à la silhouette de la jeune fille. Elle semblait frêle & indécise comme si elle craignait froissé l’air de sa voix. Comme si elle allait commettre une gaffe monumentale. Le Serdaigle ignorait si c’était sa seule présence qui provoquait cela chez elle ou si l’entièreté des hommes lui causait autant de peine intérieure. L’un dans l’autre, il voulait y remédier. C’était du gâchis que de n’avoir confiance en soi. Il en était convaincu.

D’aussi loin que pouvaient remonter ses souvenirs, Shannen avait toujours adoré l’automne où se mélangeaient couleurs et odeurs à la fois. Cette année ne faisait pas exception. Se baladant près du lac, Shannen observait les feuilles tourbillonner dans l’air pour retomber un peu plus loin sur le sol, leur odeur les accompagnant arrivant à ses narines. Ses cheveux s’entremêlaient mais elle n’y prit pas attention son esprit étant absorbé par ce spectacle qu’elle chérissait tant. C’est ainsi qu’elle tapa dans un petit tas de feuilles qui se trouvait sur son chemin. Un lot de souvenirs refit surface. Elle se revoyait toute petite, ramassant des feuilles aux couleurs vives qu’elle reposait en tas pour ensuite sauter à pieds joints les éparpillant autour d’elle. Elle réentendait son rire enfantin et lointain. Un léger frison la sortit de sa nostalgie d’antan la ramenant à la réalité. Le temps devenait de plus en plus froid et son écharpe jaune et noire avait était ressortie de son armoire quelques jours plus tôt. L’hiver ne serait plus très loin à présent…

Elle appréciait les heures de fourches où elle pouvait se retrouver seule et se balader en toute tranquillité dans le parc de Poudlard. Son coin favori était et resterait le Lac de Poudlard. Elle ne savait pas très bien l’expliquer mais il l’avait toujours apaisée. De plus, les couleurs environnantes le rendaient que plus magnifique à ses yeux.
S’arrêtant un instant elle se mit sur un rocher pour contempler le paysage s’offrant devant elle. Elle ferma ses yeux et sentit le vent effleurer son visage. Le calme surplombait le Lac tout entier.

Quelques instants plus tard, Shannen descendit du rocher et repartit vers l’arbre le plus proche. Elle s’y accosta et ses souvenirs revinrent si bien qu’elle ne vit pas immédiatement qu’un garçon s’était posté devant son nez. Il abordait les couleurs de Serdaigle et un sourire craquant fleurissait ses lèvres. Elle sentit ses joues s’empourprer sans qu’elle en sache la raison. Elle n’était jamais très à l’aise en présence des garçons et surtout quand ceux-ci étaient aussi beaux. Elle fixa ses yeux bleus azur et fut encore plus éblouie par sa beauté. Le garçon essaya de la mettre à l’aise en lui posant toute une série de questions. Rassemblant son courage, elle lui répondit.

- Salut… Oui, c’est bien mon prénom. Toi, tu dois être Jeile !

Elle lui fit un petit sourire gêné. Elle se trouvait idiote d’être aussi gênée devant un garçon. Il était juste venu lui parler et elle se comportait comme une gamine.

- Ne t’inquiète pas, j’en ai vu d’autres ! J’apprécie ta présence à ce cours et tu ne m’accommodes pas du tout ! Bien au contraire ajouta t-elle pour elle-même.

Pour se donner une contenance elle jeta des coups d’œil derrière l’épaule du garçon. Ils étaient seuls et le seraient encore pendant toute l’heure. Elle ne se sentait pas apte à rester aussi longtemps avec ce Serdaigle même si ce dernier faisait tout pour rendre l’atmosphère moins pesante. Et elle l’en remerciait intérieurement pour ce geste.

- Justement j’allais bientôt repartir vers le château pour ne pas arriver en retard au prochain cours que l’on aura ensemble.

Le jeune homme lui jetait des regards un peu soucieux. Il devait surement se demander comment il était possible d’être aussi embarrassée. Il s’inquiétait pour elle et inconsciemment elle sentit une petite chaleur s’infiltrer en elle.

Bien sûr, elle comptait remédier à cette timidité qui l’empêchait d’approcher les garçons à moins de 2 mètres. Elle eut une idée pour lui retirer cet air anxieux de son visage.

- Si tu veux nous repartirons ensemble et faire équipe pendant l’heure qui suivra. Tu te sentiras moins nul…

Shannen se mit à terre contre l’arbre et attendit qu’il en fasse de même. Elle ne savait pas si sa proposition lui faisait plaisir mais elle espérait secrètement qu’il accepterait.