En tout cas, celle-là, tu l'as pas vue venir ! [James]

H.J/ Désolé, c'est pitoyable.

« blabla… Mars aligne ses satellites avec ceux de Mercure pendant trente secondes ce qui permet une clairvoyance du rien délimité par les affres terrestre qui…blablabla & bla »

La voix nasillarde de leur professeur de divination résonna en larcens succesifs dans son crâne. Merlin, Obiwan, Hagrid, Godric, QUELQU'UN lui vienne en aide.

L’Ennui. Avec un grand E. Sirius avait trouvé la solution lui, HA ! Dormir. Comme si James pouvait arriver à dormir après ça ! Nom d’un troll des cavernes momifié. Il fallait que son ami se réveille MAINTENANT. Sinon il allait finir par hurler sa joie extrême ou se taper la tête contre la table. Le coude de James alla donc percuter le flanc de Sirius qui, dans le déroulement normal & parfaitement prévisible des choses, se redressa brusquement avec un cri & une mimique des plus comique. James retint à grand peine un énorme éclat de rire & se contenta d’afficher un sourire amusé. Leur professeur jeta un œil vitreux à leur paillasse, il observa la parade puis s’affaira une fois de plus à secouer le Griffondor qui semblait sur le point de repartir dans sa rêverie. Ca, il en était hors de question. Il devait lui parler d’abord, son regard noir qui ne faisait peur qu’aux Scrouts à pétard & ses accents énervés n’y changeraient rien. James prit le temps de s’assurer que son ami était assez réveillé pour pouvoir l’écouter vraiment, des deux oreilles & avec un minimum de lucidité avant d’envisager l’action éventuelle de se mettre à parler. C’était sans compter Evans qui traversa son champ de vision laissant flotter quelques trainées de feu sur le paysage. Il ne se reprit qu’en voyant l’autre crétin de Black s’apprêter à roupiller dans les bras de Morgane.

Sais-tu que c’est un acte de trahison que d’abandonner son meilleur ami à l’oisiveté la plus totale ?

Devant l’air d’hippogriffe enragé du jeune Black, James sourit. Soit il allait lui ressortir ses vieux préceptes sur le sommeil soit il allait grogner, dans tout les cas ce serait distrayant. Lui en revanche avait des choses à dire, des choses importantes. Se passant négligemment la main dans les cheveux sous les regards énamourés de jeunes poufsouffles, James marqua un temps d’arrêt au grand dam de Sirius avant d’engranger.

Ok, j’ai embrassé Evans.

James pianota sur le bord de la table en attendant que son crétin congénital d’ami refasse surface. Il s’autorisa un petit rire devant son air purement choqué & ses accents surpris. Ha ! Au moins, là, il était complètement réveillé. Tss…Comme si lui, James Potter, n’était pas capable d’arracher un baiser à la Griffondor, certes, il s’était prit une claque monumentale mais c’était simplement un léger souci technique, rien d’infranchissable. Toujours est il que là, il avait besoin de compassion. Prêt à parler posément de « l’événement » avec Sirius, James ouvrit la bouche avant de se rendre compte qu’il ferait mieux d’aller se confier à un troll sourd & muet.

En effet Sirius observait l’air béat de la Serdaigle qui était retournée s’assoir en gloussant d’un air songeur. Son, « je ne me laverais plus jamais les mains » à moitié hystérique lui arracha un sourire suffisant. James soupira, Merlin & tout le panthéon étaient contre lui. Misère de misère.

SIRIUS BORDEL ! ON PARLAIT DE MOI LA !

Grand silence. Arf. Il avait vraiment pas assuré sur ce coup là. Les nerfs oui, voilà, les nerfs. La faute d’Evans ça aussi. Il allait finir par mourir jeune à ce train là, non mais parce que c’est pas humain de supporter des cas pareils.

Monsieur Potter voulez vous faire part des découvertes concernant vous & votre binôme à toute la classe.

& voilà. La vieille chouette. Elle avait pas vu dans sa tasse de thé qu'aujourd'hui il fallait laisser James Potter tranquille ? James se contenta d’un sourire et improvisa sous les yeux rieurs du Griffondor assit à coté de lui & à y réfléchir, ceux de l’ensemble de la classe.

Eh bien, nous avons décrété que vu la quantité de fumée blanchâtre contenue dans ce…truc que j’allais sans doute être confronté à un effroyaaable incendie d’ici peu. & Sirius, Sirius va perdre tout ses heu…caleçons - qui finiront brûlés- & devra donc se balader sans. Le pauvre.
Coup de coude. Gloussements féminins.

Ah. Bien vous m’en direz tant.

Levant ses yeux de poissons vers le plafond, elle reprit son discours oh combien soporifique & il pu enfin en placer une à l’énergumène de Black qui était enfin –presque- en condition idéale pour l’écouter.

Elle a trébuché sur le joujou à poils de Rusard, je l’ai rattrapée, on était trop près & puis… & puis je l’ai embrassée.

Oui, il l’avait embrassé & si on n’excluait l’air de centaure en furie d’Evans, il s’en était plutôt bien sorti. Bah, la preuve il était vivant nan ?

Air dubitatif. Il le voyait venir.

Non, Black, c’était pas un rêve. Non je n'ai rien bu & non j'ai pas eu d'hallucinations.

Pas cette fois.

Sirius observait son meilleur ami les yeux dans le vague encore perdu, surement occuper à se repasser mentalement, encore et encore la scène qu'il était en train de lui raconter. Le jeune homme appuya sa tête au creux de sa main, offrant toute son attention à Cornedrue qui s'emballait et finit par soupirer à la fin de sa phrase. Moqueur mais pas méchant, Sirius écrasa sa main libre sur le dos de son ami en une claque de réconfort, cependant il ne put s’empêcher de sourire et de pouffer tout en essayant de ne pas trop dévoiler son amusement face à cette nouvelle veste Potterienne ! Mission impossible.

- Aaaah bah mon pauvre vieux !

James le fusilla du regard et repris son explication brièvement. Sirius pouffait tellement au fur et à mesure des dires de son ami que ce dernier devait se contenter de raconter phrase par phrase. Un blanc s'engouffra dans le silence endormie de la salle de classe qui s'était lancé dans un exercice de cartomancie. Sirius ne lâchait pas des yeux James et appuya son regard sur lui, il savait qu'il devait y avoir "quelque chose d'autre" sinon il n'en ferait pas toute une histoire. Quoique non, c'est vrai que généralement, lorsque James tentait quelque chose envers Lily et que ça foirait, il avait pour habitude d'en parler encore et encore et encoooooooore jusqu'à la prochaine tentative. Et rebelote. Seulement au lieu de tout déballer d'un coup, il faisait durer SON plaisir à ne lâcher que quelques détails au compte goutte. La patience de Lunard n'avait jamais faillie, mais celle de Sirius manquait parfois de résistance ... Ses yeux gris poussèrent les lunettes rondes à accoucher enfin. Une claque ?!
Il éclata littéralement de rire. Sans retenue, un vrai rire franc et puissant qui donnait mal au ventre. James râla en se défendant. Mais c'était inutile, la chaise de Black ne tenait plus que sur deux pieds et un ultime éclat de rire devant la tête ultra blasée de Potter, acheva Sirius qui se retrouva par terre.

- Messieurs Potter et Black, cela suffit ! Vous dérangez la classe à la fin ! Faites donc comme vos camarades et tirez vos cartes afin de voir votre futur !!!

Sirius éclata d'autant plus de rire. James ne put résister à le suivre, mais ils s'arretèrent bien vite lorsqu'un éclat de voix percuta leurs oreilles. La colère de leur professeur n'était tellement pas crédible que l'amusement de Sirius en fut redoublé. Son regard passa des yeux globuleux à l'épis de cheveux et il pointa son ami du doigt (même si c'est malpoli).

- HahahaaahahaHAHAHAHA !! Potter t'aurai du tirer les cartes avant !!! TU L AURAIS PEUT ETRE VUE VENIR CELLE LA !!!!

Il se roula de nouveau au sol, hilare à un degré indéfinissable. Son ventre était douloureux, mais c'était un mal pour un bien, ses abdos lui attireraient surement des sensations plus agréables prochainement ... Son oeil droit pleurait, mais il avait trop mal pour ne plus tenir ses côtes. Il s'attendait à se que Potter lui saute dessus pour l'achever, oui parce que là littéralement, il était paré à mourir de rire. Il se bidonnait, et du coin de l'oeil il eut juste le temps de voir une touffe de cheveux fourchus lui arriver dessus à une vitesse inquiétante. Black se releva en un clin d'oeil et se rassit correctement, plus aucun son ne sortait de sa bouche et lorsqu'il releva le museau, il tomba nez à nez avec la rage, cette fois ci totalement crédible, du professeur de Divination.

- Monsieur Black ... CESSEEEEEEEEZ !!!!!!!!!!!!!!!!!

Choqué par autant de puissante vocale, Sirius ravala son sourire et prit un air inquiet. Il avait peut être poussé trop loin cette fois. Il la voyait trembler de fureur devant lui, les poings sérrés, la bouche tordue, il aurait pu être troublé,mais ses yeux de poisson lune doublés par des loupes et l'image qu'il se faisait de Lily cognant James furent plus fort que sa raison et il explosa de rire au nez et aux poils du menton de l'enseignante.

Leurs rires furent interrompus par des accents aigus. Derrière la boule de cristal qu’elle tenait à la main, leur professeur vociférait. Déjà la façon dont elle prononçait le mot fuuuuutuuuuur en appuyant bien sur les « u », histoire d’accentuer « la dimension mystique » du truc, donnait envie de se suicider (ou de mourir de façon plus agréable, en riant). Non vraiment, là. James n’en pouvait plus. & l’autre à côté qui continuait son aboiement communicatif. Un doigt apparu dans son champs de vision & il se posa un instant la question de savoir si ce n’était pas plutôt une baguette. Les crétineries du Black à ses côtés lui suggérèrent un moyen d’achever son hilarité, rapidement. C’est qu’il pleurait de rire en plus ! Penchant la tête d’un côté, il observa son ami se rouler par terre et décida que oui, non, fallait qu’il arrête de se foutre de lui là. Quand même.

Alors en bon Griffondor, il se jeta sur Black, qui se releva rapidement. & dans la suite logique des choses, & pour la deuxième fois James se prit le plancher. Fronçant les sourcils devant le soudain silence de son ami il se releva aussi avant de se faire démolir les tympans par l’autre névrosée.

Ce n’est pas la peine d’esquinter vos cordes vocales professeur.

Ouh, elle avait l’air vraiment pas commode la madame-boule-de-cristal. & Sirius qui se bidonnait encore. Il fallait toujours qu’il fasse tout.

Je crois que je vais emmener Sirius à l’infirmerie. Je crois qu’il a du inhaler trop d’encens. Il est complètement shooté…

Fallait voir la tête de l’enseignante. Choquée qu’on puisse accuser son précieux encens d’un tel crime/outrage. Elle paraissait s’étouffer avec les 36 gris-gris qu’elle avait autour du cou. James essaya de se concentrer pour ne pas rire. Ils iraient dans le couloir & il pourrait noyer Sirius dans les toilettes de Mimi Geignarde. Voilà.

Il est disons, abruti.

Il prit Sirius par la manche qui crut bon d’ajouter quelque chose sur son soudain malaise. Sourire ? Non pas sourire. Il fallait qu’ils se dépêchent, une retenue entre les boules de cristal & les yeux de poisson. Ca ne le tentait pas du tout.

Sirius frôlait l’étouffement. Son souffle était court et secouer de spasmes, résultat d’une histoire à la base sérieuse qui s’avérait être vraiment drôle. Il pleurait et le flou de ses larmes déformait encore plus le visage déjà comique de son professeur. Il ne pouvait pas se contrôler et savait qu’il allait écoper d’une lourde sanction à cause de ça, mais l’image qu’il avait dans la tête ne le poussait pas au calme. Il n’avait eu que les faits, et s’imaginait les détails. James se faisant mettre K.O. par Lily dans un combat inégal. C’est qu’elle cachait sa force la petite, de caractère non, mais physique, visiblement oui. Ne dit on pas, mieux vaux se méfier de l’eau qui dort ? Pour le coup, Potter n’aurait pas dû s’approcher trop près de la rivière.
Il tenait ses côtes rendues douloureuses par son hilarité, et ne cessait de murmurer qu’il avait mal au ventre. Colère, l’enseignante ne cessait d’hurler mais finit par se taire après une réflexion de la part de James qui entourait désormais le dos de Sirius de son bras. Comment ça l’infirmerie ? Comment ça shooté ? Patmol tenta de relever la tête, mais il se résista à lui-même sachant que si il croisait les yeux de Potter, son rire n’en serait qu’intensifié, et si il croisait ceux du professeur, il était sur qu’il allait se mettre à aboyer et à bavé, hilare. Sans vraiment comprendre de quelle manière, il se retrouva debout, appuyé sur James, maintenant son abdomen tordu de rire. Il rouvrit brièvement les yeux, des larmes coulèrent et il pu constater que nombre d’élèves ricanaient eux aussi, surement pas pour la même chose que lui, mais certainement plus, à la réflexion sur l’encens délirant. Péniblement, ils quittèrent leur estrade pour se diriger vers la porte de la classe. James la poussa, et ils quittèrent le cours bruyamment.
Dans le couloir, Sirius manqua de s’étaler au sol, lâchement abandonné par l’appui de Cornedrue, fâché. Il s’appuya donc au mur, pouffant toujours, les yeux fixés sur son meilleur ami, et tendit qu’il essuyait une énième larme de rire, il tenta de s’excuser, non sans difficultés.

- Pardon Cornedrue, mais l’action est juste trop drôle. Elle tombe, tu la rattrape, tu l’embrasses, elle te baffe !!

Et en plus ça rimait, voilà qu’il était repartit dans un fou rire, désormais allongé sur le sol se tordant littéralement, le son de son hilarité résonnant au plus profond des entrailles du château. Entre deux hoquets, il parvenait à souffler, qu’il allait mourir parce que c’était trop comique, et chaque fois qu’il tentait de reprendre ses esprits, il croisait le regard de James mi amusé, mi fâché, ce qui provoquait une nouvelle crise de gloussements.

James perdit patience en arrivant dans le couloir, ici la mascarade n’avait pas vraiment lieu d’être. A la réflexion Sirius avait plus besoin qu’il l’assomme que de voir l’infirmière… & cet imbécile continuait à piaffer comme une goule ayant reçu un Rictusempra en pleine tronche. James l’avait déjà vu à moitié mort de rire mais là, on était carrément à l’étape de la décomposition. & par Godric, ce – n’était- profondément – PAS- drôle. James, adossé au mur, se battit un moment entre sa colère & son amusement grandissant car, il fallait le dire, le rire de Sirius était communicatif. Son ami souligna sa bêtise d’une connerie supplémentaire en s’affalant sur le sol & il soupira.

Désespérant.

Merlin Sirius, je ne vois pas pourquoi c’est si drôle !

Black affalé sur le sol, secouait sa crinière au rythme de ses gloussements. Si maman Walburga voyait ça, elle aurait à coup sûr un infarctus… Non, imaginer la tête effarée de la mère de Sirius était vraiment hilarant. James sourit de bonne grâce en le laissant se calmer.

Moi qui voulais un peu de compassion, me voilà servi. Merci vieux.

Il vit presque l’effort surhumain que fit Sirius pour effacer les plus gros traits d’hilarité. Ce crétin le regardait maintenant d’un air moqueur. James continua faisant part à son ami du problème le plus épineux (quoique rien n’était jamais simple avec Evans).

Elle est furax… Genre vraiment en colère.

Sourire & tremblement hilares, encore.

Bordel Patmol arrête c’est sérieux… J’ai essayé d’aller la voir, elle me fuit comme si j’étais un Détraqueur. Je veux dire… plus que d’habitude. J’ai dû louper un truc…

James se passa la main dans les cheveux frustré.

Peut-être avait-il fini par capter l’attention de son meilleur ami ?

Sirius savait que James était vraiment embêté par la situation. Et que, par dessus tout, le voir se bidonner face à lui devait le rendre encore plus fébrile. Inspirant profondément pour retrouver un semblant de calme, il essuya une larme qui perlait au coin externe de son œil avant de poser une main ferme sur l'épaule de son ami en signe de compassion. Compassion tant attendue par Potter.

- Je suis désolé James...

Mais il fût de suite repris d'un rire indomptable. Lily possédait l'esprit de James d'une telle manière, que ce pauvre fou en perdait totalement son humour. Il se mordit l'intérieur de la joue si fort pour cesser de rire, qu'il goûta son propre sang. Allez, à force il allait finir par vexer son compagnon. Les yeux pétillants de malice il resserra son étreinte manuelle, mais l'air grave et penaud de James ne l'aidait vraiment pas à se contrôler.

- Ca vaaa ! James ce ne sera pas la dernière fois que cette furie te fera tourner en rond !

Il redevint sérieux d'un coup lorsque le Gryffondor baissa la tête et passa une main nerveuse sur son épi. De sa mémoire de sac à puces, c'était bien la première fois qu'il voyait James aussi perturbé par la rouquine. Alors soucieux il questionna :

- Quand c'est arrivé. Ce... ce baiser, est ce qu'elle te l'a rendu ? Je veux dire, tu sais... bredouilla t'il maladroitement.

Sirius en avait embrassé des filles, un bon troupeau même si l'on peut dire. Mais ce n'était pas vraiment le cas de James. Bien qu'il ne doute pas du pouvoir de séduction de son ami, peut-être avait-il été tellement maladroit que Lily, en plus d'être choqué par cette impudence aurait pu être dégoutée... Si c'était le cas, James allait devoir encore plus ramer que jusqu'alors !

Regarder James se perdre dans ses élucubrations faisait loucher Sirius. Il avait devant lui comme un fou, un malade possèdé par un esprit farceur. Ou alors un acteur de théâtre en représentation tragique comme il avait vu une fois Square Grimmaud. En plein monologue, James semblait définitivement perdu.
Il fronça le nez quand son ami lui avoua que tout s'était passé tellement vite qu'il n'avait pas retenu si elle lui avait rendu son geste...Merlin comment c'était possible ?! Est ce que Potter était si inexpérimenté que ça pour ne pas se rendre compte si son amoureuse pressait en retour, ses lèvres contre les siennes ? Sirius se retint de lever les yeux au ciel, navré tout de même. Il eut un sursaut quand James hurla à qui voulait bien l'entendre une question aussi pessimiste que honteuse.

- Chuuuut ! Baisses d'un ton Cornedrue ! chuchota t-il alors qu'un groupe de jeunes demoiselles traversaient devant eux.

Il bomba le torse et dégaina son plus bel atout : son sourire, afin de capter l'attention dans l'espoir de laisser du répit au Gryffondor. L'effet escompté fut, et les gloussements s'éloignèrent. Sirius suivit les capes du regard, on ne savait jamais... Il offrit de nouveau son attention pleine à James qui faisait les cent pas. Lorsqu'il lui apprit que Lily Evans avait relevé un regard larmoyant vers lui, Sirius interloqué demanda sur un ton léger :

- Par la barbe de Dumbledore, James, qu'est ce que tu lui as fait ?! Tu as mis la langue c'est ça ??

Il aurait voulu faire sourire son ami, mais visiblement l'heure n'était plus à la rigolade. Presque faire pleurer une fille en l'embrassant, c'était du jamais vu, jamais vécu pour Sirius. James lui jeta un regard noir avant de se lancer dans un monologue lapidaire. Il savait que Lily était assez dure avec Potter en général, mais cela venait principalement du fait qu'il s'en prenait régulièrement à Servilus, physiquement et verbalement. Elle n'appréciait pas du tout et ne faisait que râbacher les oreilles des Maraudeurs avec des leçons de morale et des regards orageux. Au fond, Sirius ne savait pas trop ce que Cornedrue trouvait à Evans. Mais il savait que son ami était définitivement raide dingue de cette fille. Et sans filtre d'amour en plus ! Enfin, ce n'était pas vraiment le style de la rouquine...

- Ecoute, les femmes aiment qu'on aille dans leur sens, elles aiment qu'on aime ce qu'elles aiment. Et Lily bah... elle aime Severus...

Il fut glacé sur place lorsque James posa sur lui un regard furibond.

- Non non je me suis mal exprimé ! Elle l'aime "bien" c'est son ami quoi, et nous on passe notre temps à lui faire passer des sales quart d'heures. Peut-être que si on le laissait un peu tranquille...

Il disait "on" car il faisait partie intégrale de la troupe, mais il était vrai que James était celui qui se délectait le plus de jouer de mauvais tours à Snape. Haussant les épaules, il s'installa sur le muret qui donnait dans une petite cour à l'abris du vent. Il sentait qu'il allait en avoir pour longtemps, et il commençait à avoir faim...

Maudit Servilus.
Foutu Servilus.
POURQUOI FALLAIT IL EN REVENIR TOUJOURS A SERVILUS ?!

Le jeune chien fou avait retrouvé son calme après cette crise de fou rire. A présent il était totalement conscient du mal-être de son ami et le voir totalement en panique et démuni à cause d'une fille le peinait beaucoup. Avec l'adolescence les maux d'amour vont et viennent suivant les changements de saisons, ou d'heures, mais ce que semblait vivre James paraissait être insoutenable à cet instant.
Lui même n'en revenait pas de cette auto-conclusion à propos de Severus Snape. Mais il était tout de même bien au courant que Lily appréciait plus que de raison cet individu graisseux. Il continua donc sur sa lancée.

- Ecoute James, je comprends que ça soit difficile à avaler aussi bien qu'un jus de citrouille, mais malheureusement c'est la vérité.

Il se rapprocha de son ami adossé au mur de pierre froid et légèrement humide. Il le vit se tendre à l'écoute de ses paroles mais continua tout de même dans l'espoir d'améliorer quelque peu son humeur.

- Si ça peut te rassurer, ça m'horripile autant que toi de me dire qu'il va falloir lâcher du lest sur sa face de craie huileuse, mais si tu veux calmer les choses avec ta rouquine tu n'as pas le choix.

Les soupirs de James se firent longs et mélancoliques. Le voilà qui demandait son avis à Sirius, comme s'il allait l'écouter même ! Pour sa part, le Gryffondor n'avait jamais été dans la situation d'un triangle amoureux, où bien il n'en avait pas eu connaissance. En général on lui courrait après volontairement, où il débusquait une proie limite volontaire et sans protection. Il ne s'était jamais risqué à ce genre de défis. Avait-il peur de gagner ou bien de perdre... Ce n'était pas le sujet ici et il retrouva bien vite la terre ferme après l'énième soupir de James. Il se plaça alors en face de lui et claqua sa grosse patte sur l'épaule de son ami qui releva le regard triste et se plongea dans ses yeux gris.

- A ta place James, je ferais profil bas un temps. Juste assez pour qu'elle se rende compte que quelque chose t'as troublé et que tu t'en veut - tu t'en veut hein mon vieux ?!. Il continua. Tu sais les femmes elles aiment qu'on soient mystérieux, détachés... Tu peux aussi lui adresser des excuses si tu le sent mais bon avec ce genre de filles....

Sirius n'était pas vraiment du style à s'excuser auprès des demoiselles. Merlin savait lui-même le nombre de jouvencelles qui portaient des griefs contre lui, et il n'en avait que faire et était bien au dessus de tout celà. Mais il savait aussi que des excuses sincères et profondes pouvaient aider à sauver les meubles dans certaines situations. Quelque chose dans les explications de Cornedrue l'intriguait toutefois, il se risqua à poser la question.

- Par contre, si tu n'as pas mis la langue je ne vois pas pourquoi elle était au bord des larmes ?!

Son énième tentative d'humour tomba à l'eau, James n'avait vraiment plus du tout envie de plaisanter. Il était touché, et atteint dans son égo, Sirius le ressentait bien. Peut-être n'était-il pas la bonne personne à qui adresser ses peines de coeur ?

L'air bougon bien affiché sur le visage, James adressa un regard mi énervé mi blasé car visiblement Sirius ne venait pas de lui donner la réponse attendue à ses jérémiades. Le jeune homme plaqua alors une patte main sur l'épaule de son ami en serrant un peu son étreinte histoire de l'assurer de son empathie, bien que maladroite. Il changea de sujet en évoquant la météo, effectivement clémente pour la saison, ainsi qu'un tour de balais, ce qui n'enchantait vraiment pas Sirius car il n'avait jamais été plus à l'aise que ça sur un manche en bois. Rater un cours lui paraissait cependant assez intéressant et tant pis s'il fallait écouter Rémus les sermonner pendant des lunes. Il suivit son meilleur ami qui avait déjà tourné les talons histoire de clore un peu plus leur échange précédent, le voilà qui dévalait à présent un des nombreux escaliers farceurs que contenait Poudlard. Ils prirent à droite puis au détour d'un couloir, Sirius se plaça en éclaireur posté à l'angle devant la statue d'un sorcier à très longue barbe. Ils n'avaient pas la Carte sur eux il fallait donc recourir aux bonnes vieilles méthodes. Potter passa le premier et Sirius repoussa le cadre qui cachait le passage secret après s'y être engouffré à son tour.

- Lumos !

Une petite étincelle se mit à briller à la pointe de sa baguette, le passage n'était pas long mais il était toujours plus prudent et regarder où l'on posait les pattes pieds, quelques lutins se cachaient dans l'obscurité et leur jeu préféré était de placer des obstacles sur la route pour mieux les voir tomber. Leur sale rire malicieux résonnait alors dans les méandres creux des galeries. Peter s'était fait avoir une fois et y avait laissé le bout de son nez. Heureusement leur ami lycanthrope était attentif en cours de soins aux créatures magiques.
Sirius suivait James et son pas assuré, mais il se stoppa net lorsque son ami fit brusquement volte face, pointant sa baguette illuminée vers son front et évoquant les dernières paroles qu'il avait prononcé sur Lily. Comme si il avait mit du temps à les digérer et à trouver une répartie pour sauver l'honneur de sa dulcinée. Pour toute réponse, le Sang et Or ricana, décidément et définitivement Potter était perdu, piqué au plus profond de son cœur et toutes les Vélanes de la Terre ne suffiraient pas à le détourner de sa Lily Evans. Il ne servait à rien de polémiquer plus pour l'instant. Il attendrait d'être soutenu par ses deux autres compères pour faire front. Le sourire enfin revenu sur les lèvres de Potter, ce dernier reprit son avancée toujours à contre sens.
Sirius se pensa une minute tiré d'affaire, mais James continua en l'interrogeant d'une mine malicieuse. Il n'avait pas envie de mentir à son ami, mais la raison qui l'avait tiré du lit cette nuit là risquait de compromettre la bonne humeur retrouvée de James et il avait surement son quota "d'histoire de coeur" pour la journée. Voir pour la semaine ! Lily avait ce don maudit de lui pourrir des jours entiers en levant juste le petit doigt.

- Je...J'ai eu une nuit "agitée"...Un petit tour dans la Salle de Bain des Préfets...coincé avec une sirène tout ça tout ça...

Il sortit ses canines éclatantes dans un sourire moitié amusé moitié sournois et leva les yeux au ciel, comme pour bien faire passer le message à James et le laisser utiliser son imagination. L’évocation de la génitrice de son meilleur ami n’appelait pas à plus de détails, cela aurait été bien déplacé dans la même phrase. Il se racla la gorge et reprit.

- hmm hmm Oh c'est vrai ? Ta mère est tellement géniale, tu sais que je l'adore hein Potter ! Soit pas jaloux !!

Il lui poussa l'épaule en riant franchement cette fois, l'écho sembla résonner sans fin. Ils arrivèrent  enfin au pied d'un petit escalier d'à peine trois marches constituées de planches mousseuses. Encore une fois sans Carte il fallait user de prudence. James escalada les planches avec l'agilité d'un chat et plaqua son oreille sur le mur de pierre. Il attendit un instant, et Sirius se tint prêt. Un déclic se fit entendre puis il y eut comme un frottement lourd et une lueur perça la paroi. Les deux amis étaient à présent bien loin de la tour de Divination et complètement à l'opposé de l'infirmerie où ils étaient censés être en ce moment même. Le bruit de frottement retentit de nouveau et la lourde statue de Sphinx bailla avant de se rasseoir et d'étendre ses larges pattes. Les deux compères ravis de leur échappée longeaient à présent un cloître quasiment désert d'élèves. Direction : le grand parc puis la lisière de la Forêt Interdite. Sur leur chemin, plusieurs élèves en permanence ou en temps libre formaient des petits groupes de ci de là, une bande de 3ème années gloussa à leur passage ce qui amusa Sirius. La fatigue le rendait définitivement taquin aujourd'hui, il donna un coup de coude dans les côtes de son ami.

- C'est fou l'effet que tu leur fais James !

James lui rendit son coup et il eut le souffle court un instant. En attrapant son côté, Sirius déporta son regard sur l'immensité du parc. Il aurait voulu arrêter le temps.