Rencontre indésirable [James & Lily]

Severus sortit de la salle commune des Serpentard pour se diriger d’un pas vif vers les portes de Poudlard. Avant de partir, il avait pris au vol ses notes sur les potions ainsi qu’une plume pour écrire. Il voulait aller dehors profiter des dernières heures de la journée afin de cogiter sur des préparations. Pour cela, il avait l’habitude d’aller s’asseoir au pied d’un arbre près du Lac, loin des autres, en un endroit où il pouvait penser sans être dérangé.

Il passa devant diverses salles, s’arrêta un bref instant devant la Grande Salle, jetant un œil à l’intérieur où il aperçut quelques élèves qui discutaient bruyamment et reprit son chemin. Il tenait ses notes devant lui, marchant sans lever les yeux de ses feuilles, connaissant le chemin par cœur. Ses pas le guidaient instinctivement vers le Hall d’Entrée comme s’il avait toujours vécu à Poudlard.

A cette heure-ci, il y avait peu d’élèves dans les couloirs, la plupart étant dehors en train de passer leur temps à bavarder avec d’autres avant que le soir ne tombe sur le château et ses environs. Severus ne pensait donc pas croiser quelqu’un. Quelques secondes plus tard, un toussotement léger le contredit. Le Serpentard releva brusquement la tête et aperçut un élève qui le fixait. Il grogna en constatant de qui il s’agissait. Le jeune homme se passait la main dans les cheveux, nonchalamment appuyé contre le mur du Hall d’Entrée.

Besoin d’aide pour tenir debout Potter ?

Il n’avait pu s’empêcher de le narguer mais il le regretta aussitôt. Oh, il ne regrettait pas d’avoir dit ce qu’il pensait, ça non ! Mais il regrettait déjà de lui avoir adressé la parole, sachant qu’il ne pourrait s’empêcher de lui répondre et que cela risquait de mal finir, comme souvent lorsqu’ils se voyaient… Pourquoi n’était-il pas passé devant lui sans lui jeter un regard ? Mais finalement, il se dit que si ce n’était pas lui qui lui avait parlé, l’autre l’aurait sûrement nargué alors…

Comme il le pensait, Potter ne put que répondre à sa pique. Il soupira et referma son cahier d’un coup sec, le coinçant ensuite sous son bras. Il écouta son ennemi lui répondre d’un ton plein de mépris, avec cet air toujours arrogant et hautain que Severus détestait, et à ce qu’il pouvait en juger, qui exaspérait Lily aussi. Ce qu’il pouvait être idiot ! Il ne se rendait pas compte que ce n’était pas en agissant de la sorte qu’il attirerait les filles. Enfin, si, les filles stupides et celles qui gloussent dès qu’elle le voit parce qu’elles n’ont pas de cervelle. Mais les autres, comme Lily, ne le regarderaient jamais autrement que d’un air plein de dégoût, parce qu’il n’était qu’un garçon qui attachait trop d’importance au physique, qui frimait et qui cherchait à séduire tout ce qui avait de longues jambes et un peu de poitrine. Désespérant !

Je ne te proposais pas mon aide Potter, Merlin m’en garde ! Je te faisais juste remarquer que le mur n’apprécie peut-être pas que tu poses tes sales pattes dessus.

Il le fixa pendant quelques secondes avant d’enchaîner rapidement, ne lui laissant pas le temps de répondre.

Quant à ta proposition – je vois d’ailleurs que tu fais aussi dans le bon sentiment – si j’ai besoin d’aide, ce n’est sûrement pas à toi que je m’adresserai. Je dois dire que ta coiffure me fait douter de tes talents en coiffure…

Severus haussa un sourcil et regarda son ennemi avec dédain.

Je vois que les grandes vacances n’ont pas amélioré ton ego Potter. Mais c’est vrai que je ne dois pas m’attendre à un quelconque changement de ta part. La modestie, cela ne s’acquiert pas comme ça…

Et, mesquin, il ajouta en prenant un ton plein d’ironie :

Où est donc ton chien de garde ? Tu oses te balader sans lui ? Mais quel courage !

James écouta les sarcasmes jusqu’au bout en affichant un air exaspéré. Oui, il haïssait Severus Snape et celui-ci le lui rendait bien. Le jeune gryffondor eut un léger rictus, n’avait il vraiment que ça à répondre ? Il croisa les bras et le toisa. C’en était affligeant.

Laisse-moi t’apprendre que le désordre de ma coiffure fait partie intégrante de mon charme. Je ne crois pas avoir besoin de ton avis, surtout dans ce domaine Snivilus. Il me semble que tu es très mal placé pour ça.

Les yeux de James glissèrent sur les cheveux gras et le visage pâle de Snape. C’était un cas désespéré. Laissant échapper un rire froid, il répondit d’un ton cassant.

Oh tu sais, je suis trop parfais pour risquer de changer quoi que ce soit, je sais reconnaître la valeur quand il y en a. Sirius va bien et je ne vois pas ce qu’il vient faire dans la conversation. Si lui te manques, sache que ce n’est absolument pas réciproque. Ne parle donc pas de courage, venant d’un Serpentard c’est déplacé. Faut il aussi que je t’apprenne à surveiller ton langage ?

James eu une moue moqueuse devant l’expression que le jeune sorcier arborait. Colère prête à exploser. Le bruit des pas sur le marbres, lèger prelude introduisant un flot d’élèves en pleine conversation se fit entendre, le maraudeur tourna la tête et sourit lorsqu’il vit briller deux iris émeraude braqués sur eux avec méfiance. Evans dévisageait Servilus, une expression indéchiffrable sur le visage puis ses yeux se tournèrent vers lui, il y décela de la colère, l’agacement habituel et quelque chose de plus complexe, de la peur ? Il soutint son regard jusqu’à qu'elle ne s'immobilise horrifiée.

James reporta son attention sur Snape qui le fixait, ses traits débordants d’une haine profonde, baguette brandie, il s'apprêtait à lui jetter un sort. Rapide comme l'éclair, le griffondor dégaina la sienne.

Il entendit vaguement des pas courant dans leur direction.

Ca allait être sportif…

La journée effleurait sa funeste fin, elle s’apprêtait à rendre à cette date son dernier soupir. Dans les méandres du château, au travers des dédales de pierre, des escaliers mobiles, la jeune gryffondor évoluait nonchalamment, ses pas frôlaient le parquet d’une manière exagérément lente. Lassée de courir partout à longueur de journées, Lily optait pour la marche reposante en cette fin d’après midi. Son but était d’atteindre la grande salle. Une fois n’est pas commune, elle avait décidé de gagner l’endroit avant ses camarades pour le banquet du soir. Elle songeait peut être s’installer à la table des gryffondors afin de piétiner du regard les lignes d’un roman qu’elle avait emprunté un peu plus tôt à la bibliothèque. La rouquine s’arrêta plusieurs fois pour saluer des amis ou connaissances, s’attardant pour s’enquérir de leur état mental ou physique. Parfois, elle déplorait avec certains de ses condisciples, la montagne de travail qui les assommer voir hanter chaque soir. Rien qui ne dépassait le stade de l’anodin. S’aérer l’esprit de la sorte permettait à Lily de regagner une certaine vitalité, son optimisme se reboostait à ses contacts amicaux.

Elle descendait paisiblement les marches du grand hall, rêvassant, projetant sa vue sur les vitres ornant le lieu, goûtant à la lumière qui s’insinuait à travers les interstices pour caresser les âmes avoisinantes. La jeune fille s’immobilisa en plein milieu de l’escalier quand elle aperçut ce qui l’attendait en contre bas. Un garçon brun de sa maison conversait avec une longue silhouette sombre. Dans un éclair flamboyant, la gryffondor dévala les dernières marches en vociférant à voix basse des injures sans aucun sens, traitant principalement des gnomes et de la barbe de merlin. La jeune fille se rapprocha lentement de leur position car avant d’intervenir, peut être inutilement, elle voulait vérifier si il était nécessaire qu’elle s’impose à leur discussion. Elle savait qu’entre eux ça pouvait rapidement dégénérer mais elle n’était pas sans savoir aussi que les garçons avaient leur fierté, surtout Severus quand il s’agissait de Potter.

A pas mesurés, elle se posa dans un angle mort pour admirer leurs échanges venimeux. Comme toujours. Il y aurait inlassablement des choses qui ne changeront jamais. Plus que la hargne de les séparer, la peur la saississait. L'effroi à l'idée que l'un d'entre eux ne finissent par en ressortir dans un état grave. Non pas qu'elle s'inquiétait réellement du sort de Potter. Mais bien qu'elle ne l'appréciait guère, la rouquine ne voulait tout de même pas qu'il soit blessé inutilement. Et puis Severus... Si son meilleur ami en venait par être toucher... Elle fit quelques pas, encore hésitante. Potter braqua ses yeux noisettes sur ses prunelles, un sourire courait sur ses lèvres alors que l'arrogance s'installait paisiblement sur ses traits. Lily s'était déjà faite démasquée. En même temps, sa chevelure cuivrée ne faisait que capter la lumière pour la renvoyer en halos caramels. Pas possible de passer inaperçue quand pareil luminosité l'entourer. De toute évidence, Severus se focalisa tant sur son enemi qu'il ne prit aucunement la peine de s'orienter vers ce que Potter lorgnait. Peut être croyait-il que c'était un moyen de diversion?

Quand le gryffondor et le serpentard brandirent à l’unisson – ou presque, leurs baguettes, Lily vit le décor vacillé dans des teintes rouges sang et la démangeaison se situant au niveau de ses jambes, ne se fit que plus envahissante. Sa rage ne fit qu’un tour dans ses veines quand elle les vit déterminé à s’écorcher appuyé par des sorts odieux. En quelques enjambées, elle fût entre ses deux imbéciles, extrêmement agacée. Elle les observa à tour de rôle en soupirant lourdement.

Vous croyez vraiment que ça peut vous servir de vous acharner l’un sur l’autre ? A part des ennuis… Vous n’avez rien de plus intéressant à faire ?

Lily leva les yeux au ciel puis appuya ses deux paumes sur la pair de baguettes afin de les obliger à les baisser. Elle avait aperçu d’un coin d’œil Rusard espérer patiemment dans un recoin de la pièce que l’un d’eux franchisse la limite. Pire, il aurait sûrement attendu qu’ils s’entretuent afin que leur châtiment n’en soit que plus pénible. La rouquine fronça les sourcils en s’apercevant que ni Severus, ni James ne baissait sa garde et que tous deux se toisaient continuellement dans cette haine si profonde que Lily en percevait toutes les composantes maladives. Ridicule.

Arrêtez ça pour l’amour du ciel !

Severus siffla lorsque Potter répondit à ses piques. Mais son ton cassant n’était rien en comparaison du sien lorsqu’il s’apprêtait à explorer toute l’étendue de la haine qui vrillait son corps. Pas de courage ? Le Gryffondor en avait moins que lui. Il fallait voir comment il ne se rendait nulle part sans Black, Lupin et Pettigrow. Lui, pas de courage ? Quelle blague !

Il sentait la haine bouillonner dans son corps, envahissant chaque parcelle de son corps, s’étendant comme un poison dans son sang. Mais c’était un poison salvateur qui allait lui permettre de régler son compte à cet arrogant prétentieux qui ne faisait que le provoquer depuis des années. Depuis son arrivée à Poudlard en fait. Il ne rappelait plus d’où leur étaient venus ces conflits quotidiens et ces prises de bec constantes. Il savait que Potter s’intéressait à Lily, mais, au début de leur première année, cela ne pouvait pas être à cause d’elle qu’ils s’étaient disputés pour la première fois. Non. Potter ne la connaissait pas encore. Et pourtant la haine s’était installée entre eux deux dès le début. Comme s’ils étaient faits pour se haïr, comme si le destin en avait décidé ainsi. Dès qu’il l’avait vu, Severus avait su qu’il appartenait au type de garçon qu’il n’appréciait vraiment pas : imbu, effronté, fier et insolent. Il lui rappelait d’autres garçons qu’il avait connus dans son enfance et qui l’avaient maltraité. Oui, Potter était comme eux, tellement sûrs d’eux, de leur force. Mais ils traînaient toujours ensemble. Tout seuls, ils ne faisaient pas le poids.

Lui avait fait une force d’apprendre seul, de se renforcer personnellement. En réponse au comportement des autres, il avait commencé par exercer son esprit à diverses nouvelles expériences. Il avait lu tous les livres qui lui tombaient sous la main, livres aussi bien sorciers que moldus. Tout était synonyme d’apprentissage. Il ne rejetait rien. Des centaines et des centaines de mots avaient défilé devant ses yeux dès qu’il avait su lire. Il s’était construit un monde dans les livres, pour se protéger du monde adulte qu’il avait sous les yeux avec ses parents. Il était intouchable. Et indubitablement fort. Mais il s’était vite rendu compte que l’intelligence ne faisait pas tout. Face à un adversaire bête mais fort physiquement, il ne pouvait rien faire. Il se mit alors à apprendre la magie et les sortilèges avec beaucoup d’acharnement. Toujours à l’aide de ses livres, il se construisit une carapace et devint petit à petit un jeune garçon qui savait manier sa baguette avec dextérité. Il avait transmis sa force mentale à sa baguette. Il savait qu’il pouvait compter sur lui-même lors de batailles. D’ailleurs, il ne pouvait compter que sur lui-même. Inutile de se leurrer. Lors d’un combat, chacun cherchait à défendre son propre corps. Qui serait assez bête pour se sacrifier pour un autre alors que sa vie était en danger ?

Ses pensées aiguillonnèrent son corps et il sortit sa baguette d’un geste vif et précis, pour la pointer vers Potter. Celui-ci réagit au quart de tour et ils se retrouvèrent face à face, dans une attitude menaçante, voulant briser l’autre par son simple regard. Les prunelles de Severus étaient d’un noir incandescent. Il réfléchissait à toute vitesse, se demandant quel sort serait le plus meurtrier possible. Il n’eut pas le temps de prononcer le moindre mot qu’une tornade rousse était entre eux.

Lily.

Il fut légèrement surpris par son arrivée et il faillit baisser sa baguette dirigée vers Potter avant de se reprendre. Lily les regarda tour à tour et mit ses paumes sur leurs deux baguettes pour les obliger à les baisser. Ni lui ni Potter n’esquissèrent le moindre geste pour répondre à son attente. Leurs regards étaient figés l’un sur l’autre et un fil de haine se tissait entre leurs prunelles. Perdu dans les brumes floues de sa colère, il n’arrivait pas à en percevoir les limites. Il avait l’impression qu’elle faisait partie intégrante de son corps et qu’il pouvait en ressentir les moindres vibrations. Le son de la voix de Lily lui parvint aux oreilles, perçant la brume. La lucidité revint quelques secondes. Cela fut suffisant pour qu’il prenne conscience de ce qu’il allait faire. Et des conséquences des actes qu’il voulait accomplir.

Il baissa son bras, et fusilla son ennemi du regard tandis que Lily poussait un soupir de soulagement. Il s’occuperait de Potter. Plus tard. Pas dans un endroit avec autant de témoins. Et surtout pas devant Lily. Elle devait rester en dehors de tout cela. Il n’allait pas prendre des risques inconsidérés. Non. Il allait tout prévoir. Tout préparer. Pour que tout se déroule selon ses plans. Il allait agir avec perspicacité, comme toujours.

Tu as de la chance Potter, j’ai d’autres choses à faire aujourd’hui que de m’occuper de toi.

Il s’éloigna de lui de quelques pas, continuant de le toiser. Lily le regardait étrangement, un pli barrant son front. Severus ajouta :

Mais n’ose pas croire que tu es débarrassé de moi Potter, je suis loin d’en avoir fini avec toi.

Il avait repris son calme et remis son masque de froideur. Plus aucun sentiment n’apparaissait sur ses traits durs et austères.

Les baguettes étaient levés, prêtes à servir. Il sentait les filaments de haine se solidifier lentement entre eux. Brûlants, comme chauffés à blanc, il en percevait les composants dans l’atmosphère devenue électrique. L’air grésillait, le moindre mouvement déclencherait l’orage. Leurs yeux se défiaient, cherchant à démolir l’autre. L’adrénaline courait dans les veines de James, ne faisant que renforcer son animosité envers Severus Snape, raviver la cause de leur altercation. Sans motif apparent mais simple et définie, une conviction profonde et indéniable. Ils se battraient quelque soit le motif, ils s’abîmeraient dans des mots aussi blessants que possible. Emprisonnés dans leurs propres enfers, ils se déchireraient aveuglés par les flammes de Satan. Si facilement. Il suffisait d’un rien, la plume qui ferait pencher la balance.

Mais y’avait il seulement un juste milieu ?

S’il avait cru que son antipathie ne pouvait être plus grande, il s’était trompé. Chacune de leurs confrontations l’alimentait déraisonnablement. Sorts et contre-sorts se succédaient dans le crâne du Gryffondor, chacun ayant une issue aussi humiliante que possible pour son adversaire.

Les pas d’Evans martelaient le sol, comme au ralentit. Elle. Qui d’autre ? Ne pouvait-elle pas rester là où elle était ? Si elle arrivait au moment où un sort fusait ? James ne voulait pas de ça. Elle ne devait pas être blessée. C’était lui ou Snape. Le Maraudeur changea instantanément d’optique, ils étaient trop prés et si le Serpentard attaquait maintenant, elle se retrouverait dans sa trajectoire. Le Sortillège du Bouclier s’imposa dans son esprit. Lui n’attaquerait pas, pas cette fois. La paroi magique pourrait elle seulement l’envelopper elle aussi ? Son champ de vision se teinta de nuances cuivrées lorsque Lily apparut entre eux. Il entendit le tremblement de sa voix, léger à peine perceptible tandis qu’elle tentait de les raisonner. La colère et l’agacement suintaient de la moindre syllabe mais elle avait eu peur. Elle illustra clairement ses propos en posant ses paumes sur leurs baguettes. James ne bougeait pas comme figé dans l’étau ardent de leur guerre, pourtant stupide et vaine puisque fondée sur un simple sentiment mais pas des moindres. Merlin savait combien James se méfiait de la portée des sentiments, cherchant sans cesse à la mesurer, à effleurer ne serait ce qu’une approximation. Les armes furent baissées lentement, mouvements pleins de méfiance. Le soupir de soulagement d’Evans sembla alléger leur frustration de ne pas avoir atteint l’autre. Ils avaient cessé parce qu’elle était là. James accrocha ses iris noisette à Snape, lui communiquant tout son dégout et son mépris, tandis que l’arrogance reprenait sa place sur ses traits. Il faillit rire quand Snivilus parla, calme. Oh oui, ils étaient calmes mais ne dit on pas que le calme est parfois plus menaçant qu’une tempête ? Un coup d’œil lui appris qu’Evans paraissait soucieuse,et un peu perdue. La colère trônait encore dans l'émeraude de ses yeux. Le Gryffondor laissa un sourire moqueur s’installer sur ses lévres tandis que l’ironie prenait possession de sa voix :

Crois bien que je suis terrifié…

Son ton se fit plus glacial.

Je t’attends. Va donc retrouver ta magie noire Snape.

Les traits de Snape semblèrent vaciller, brisant un instant son air impassible.
Touché.

Pendue aux liasses nées de leur rancœur, la gryffondor analysait la moindre ride, veine tressautant sur leur épiderme, la moindre amorce de geste, la moindre respiration trahissant leur état. Severus était le plus tendu des deux, ses deux prunelles animées par les plus vils créatures arborées une noirceur terrifiante. Potter s’était armé de cette décontraction désinvolte, comme toujours. Et dans cette situation, Lily aurait juré que ce n’était que pour irrité davantage son meilleur ami. Les hésitations allaient et venaient en un flux constant entre ces deux êtres plantés dans les racines d’un Mal incurable. Leur haine viscérale trouvait sa source dans bien d’autres enchevêtrements que la plus simple des conclusions. Gryffondor VS Serpentard. La jeune fille amena ses prunelles à toucher d’un regard, le visage lisse, dénudé de toute teinte du jeune homme arborant les couleurs argent, émeraude. Mais emberlificoté dans sa querelle intérieure, il ne daigna lui offrir le plaisir d’un échange visuel et se borna à haïr Potter, les hachures cendres se jouaient de sa hargne pour les enfoncer dans les iris dilatés de son adversaire. La peur grimpait déjà le dos de Lily lui arrachant des frissons d’effroi quand Rusard afficha d’un coin de sa cachette un rictus des plus méprisables. Mais avant qu’il n’y trouve satisfaction, Severus s’ôta de la lutte silencieuse pour quitter cet ensemble extravagant qu’il formait avec Lily et James. L’apaisement coulait, humidité appréciée à travers les fins vaisseaux céruléens courant sur l’épiderme nacrée de la jeune gryffondor. Elle recula dés lors de plusieurs pas pour être aussi loin de Potter que possible. Leur proximité la dérangeait autant que sa manière de la couver des yeux. Le soulagement s’évapora quand la lave incandescente attisa le climat partiellement pacifique qu’elle avait pu amener aux deux créatures opposées.

En quelques phrases balancées avec soin et précision, son meilleur ami tourna les talons en un pivotement fluide et son sort fila dans l’air avant que la rouquine n’en saisisse la portée. Le garçon à la chevelure emmêlée l’esquiva avec aisance avant d’embrayer avec ces hostilités. Tout se passa étrangement au ralenti sous le regard affolé de Lily. Potter monta sa baguette vers les hauteurs insurmontables du ciel, la pointa droit sur Severus. Ses sourcils barraient son front d’hachures dures, encrées. Ses plis traduisaient son mépris, sa pure antipathie pour le personnage obscure se tenant face à lui. Les martèlements sourds de son cœur traçaient sur sa poitrine des lignes ensanglantées. Les poignards l’obligèrent à cesser d’inhaler. Elle souffrait, anticipait. D’un bond, avant de chercher à comprendre ce qu’il allait lui faire, elle bondit sur James, agrippant de ses doigts les épaules de sa carrure deux fois plus large que la sienne. Surpris, il ne pu réceptionner le fauve écarlate se jetant dans sa direction et Lily ne pu freiner tant son inquiétude perlait sur sa cage thoracique. En un grand fracas, ils choyèrent au sol. La tête du poursuiveur heurta le sol en un coup ahurissant tandis que la gryffondor s’érafla du poignet au coud, son bras droit en voulant contrôler leur chute. Assommé pour lui, hébétée pour elle, ils demeurèrent quelques instants dans une position intime, désinvolte, gênante. Le visage de Lily était posé sur le torse du jeune homme et sa main était toujours accrochée à sa chemise quand elle avait cherché à lutter contre la loi de la gravité. Son corps était en partie contre le sien, elle sentait sa chaleur alimentée la sienne à excès. Ahurie, elle se demanda même qui la tirait avec autant de brutalité par l’épaule pour la relever. Elle fit, ensuite, face à Severus dont le flegme s’était scellé sur des traits soigneusement impassibles. Il n’y avait que ses deux flammes ébène pour perturber cette indifférence faussée. Jamais sa haine n’avait été aussi vivace. Jamais. Au point que Lily craignait pour la vie du gryffondor étalé sur les dalles de pierre. Ses poings déjà serrés préparaient un assaut mortel pour le jeune homme à terre, sonné. Elle voulut amorcer un geste vers le Serpentard quand une douleur vive l'obligea à laisser retomber son bras inerte.

De l’hémoglobine tiède empourprait son chemisier blanc à l’endroit où les écorchures se dessinaient. Ce n’était que superficiel, les picotements l’avaient seulement surprises. Les yeux de son meilleur ami évaluèrent ses blessures différemment et son visage devint un masque. Le masque d’un assassin prêt à achever sa proie. Il n’allait pas pouvoir se contrôler encore longtemps.

Lily posa son propre regard sur la silhouette toujours étendue de James Potter, il avait été inconscient un faible instant et désormais, il peinait à se relever. La rouquine soupira puis les observa à tour de rôle, murée dans sa contrariété.

Vous voyez où tout ça nous mène. Vous êtes stupides. L’un comme l’autre.

Le ton qu’utilisa Potter pour l’atteindre de sa remarque acide révolta Severus. Ses traits perdirent un instant de leur dureté, ses prunelles noires laissant transparaître à nouveau toute sa colère. Il y eut juste le temps d’un souffle et il faisait à nouveau face à son ennemi de toujours. Il lança un Expelliarmus aussi vite que possible mais Potter eut le temps d’esquiver. Ce qui ne fit qu’attiser encore plus la haine de Severus pour le Gryffondor. Il se mit à lancer d’autres sorts, sans prendre vraiment conscience des sorts qu’il jetait. Son but était de voir tomber son adversaire. De le voir se plier en deux. De le voir à genoux devant lui. Potter ripostait bien malgré tout et ni l’un ni l’autre n’arrivait à atteindre son ennemi.

Et c’est alors que Lily s’interposa. Sans qu’ils s’en rendent compte, elle avait tenté de les empêcher de lancer des sorts mais n’était pas parvenue à ses fins. Soudain, elle fonça sur le Gryffondor, pour saisir le poignet qui tenait sa baguette. Ayant mal préjugé de sa force et de son élan, elle bascula et entraîna le garçon dans sa chute. La scène se passa au ralenti pour Severus.

Il la vit. Elle. Lily. Sa Lily. Tomber sur son ennemi. Lui. S’agrippant à sa chemise. Sa tête posée sur son torse. Ses cheveux tombant épars sur son cou et sur son visage. Son nez respirant son odeur. Sa jambe touchant sa jambe. Lily. Lily et Potter. L’un contre l’autre. Le sang bouillait dans ses veines et il ne se rendit même pas compte qu’il s’appropriait Lily. Alors qu’il n’avait aucun droit sur elle. Ils étaient juste amis… Son cœur battait dans ses tempes et la température de son corps augmenta en proportion de la colère. Et de la jalousie. Évidemment, ce n’était qu’un accident. Et une partie de son cerveau lui disait que c’était de sa faute s’ils étaient à présent dans cette situation. S’il n’avait pas provoqué Potter, rien de tout cela ne serait arrivé. Il gronda. Contre Potter. Contre les circonstances. Et surtout contre lui-même.

Voyant que les deux Gryffondor avaient l’air sonnés tous deux, il se baissa suffisamment pour saisir Lily par l’épaule. Il fallait qu’elle se relève. Ou bien sa haine grandirait encore plus et atteindrait son seuil de limite. Déjà que Potter ne faisait rien pour arranger les choses… Elle parut surprise de son geste brusque et devant son regard doux et triste, il eut envie de la serrer dans ses bras, comme si rien d’autre ne comptait. Mais ce n’était pas le cas. Il se rendit compte que son chemisier était taché par endroits et le reflet dans ses yeux se durcit instamment. A cause de Potter, elle avait mal. Non, rectifia-t-il en pensées. A cause de lui-même, elle s’était fait mal. Si seulement il n’avait pas provoqué Potter. En pensant à lui, il détourna son attention de la rouquine pour se recentrer sur le garçon qui peinait à se relever. Des sentiments contradictoires se mêlaient en lui et lui embrumaient le cerveau : colère, haine, tristesse, culpabilité et déception. Certains de ces sentiments étaient adressés au Gryffondor en face de lui mais d’autres n’étaient adressés à personne d’autre qu’à lui-même et à son attitude déplorable de l’instant présent. Il entendit vaguement ce qu’elle leur dit, plongé tout entier dans le magma de ses sentiments. Il regarda avec dédain le jeune homme couché par terre mais se détourna rapidement de lui pour se centrer à nouveau sur sa meilleure amie. Il parcourut de nouveau son corps de ses yeux, essayant de voir si elle avait mal quelque part. Il chuchota, d’une voix qu’il essayait de contrôler mais qui laissait percer toute la vague d’émotions contenue dans son corps :

Lily tu dois aller à l’infirmerie. Je crois que nous, nous allons avoir droit à la visite de notre bien-aimé concierge, rajouta-t-il en voyant Rusard s’approcher d’eux. Va-t’en avant qu’il n’arrive. Tu n’as rien fait…

Il se tut un instant et voyant qu’elle ne bougeait pas, il rajouta :

Fais attention à toi.

Il se rendit compte de la bêtise de ses paroles. Il avait peur qu’elle ne se soit fait mal et qu’elle souffre. Mais il était trop tard. A cause de lui, elle était tombée. C’était lui qui n’avait pas fait attention à elle. A croire qu’il n’agissait jamais correctement avec elle…

Hors sujet : Pardon pour le retard, c'est inexcusable. Pardon aussi pour le post. J'essaierais de faire mieux la prochaine fois.

Quelques secondes, et tout avait basculé. Le mouvement de Snape, le bruissement d’une cape qui volète, et la hargne dans la voix quand le sortilège fuse. Il esquiva habilement l’éclair rouge qui fonçait vers lui et attaqua à son tour. Les détonations résonnaient contre le marbre. James que la haine avait complètement englouti oublia un instant qu’ils étaient dans le hall, qu’on pourrait les surprendre, l’interdit & les conséquences. Il fallait juste l’humilier, enlever tout ce défi qui trônait dans ses pupilles aussi noires que ses ambitions. Peut importe ce qu’il dirait, James savait. Absorbé par les mots & les mouvements de son adversaire, il ne vit pas Evans s’avancer pour se jeter sur lui, il ne comprit pas quand ses mains l’agrippèrent et que le sol les attira irrémédiablement. Il y eut un bruit sourd mais il ne parvint pas à en saisir la cause et tout devint flou. Son cerveau, comme sur pause parut clignoter lorsqu’une partie du lien se brisa. Et l’inconscience l’emporta.

C’était étrange. La chaleur sur son corps le surpris, les boucles éparpillées sur ses joues et ces mains posées sur lui n’étaient pas normales. Il rêvait à coup sûr. Mais que faisait cette ordure de Servilus dans son rêve d’amour et de sérénité avec Evans ? Quoiqu’il en soit, l’environ nébuleux et à la fois si tangible de ce songe était plus qu’agréable, Snape se dissipait même l’air furieux. Ha ! Mais quelque chose lui échappait. Encore emmuré dans la brume il mit un moment avant de comprendre, la senteur florale qui lui parvenait ne pouvait être que réelle. Evans était étalée sur lui. Cette certitude là fut comme un électrochoc. James aurait même pu sourire. La pression sur ses membres diminua graduellement, Lily se relevait. Une part de lui-même s’éveilla brutalement pour lui crier de la retenir mais trop hébété, il ne parvint à esquisser un geste. Il tenta d’ouvrir les paupières et fut un instant aveuglé tandis qu’une douleur lancinante prenait possession de son crâne. James étouffa un grognement et porta la main à sa tête comme pour être certain qu’elle ne se détachait pas du reste de son corps. L’élan de compassion qu’il ressentit pour le fantôme de Griffondor le fit grimacer. Comment pouvait-il avoir une pensée pareille maintenant ? James reporta son attention sur les deux étudiants en face de lui. Lily articula quelque chose qu’il n’entendit pas, il comprit néanmoins l’essentiel, gravé sur ses traits. La colère, l’indignation, la déception, et…du mépris. Il avait l’habitude.

James reporta son attention sur son rival, il n’aimait pas le regard qu’il lui lançait. Il n’aimait pas ses yeux sur elle. Snape lui murmurait quelque chose. Un élan de rage acheva de lui faire reprendre ses esprits, il se hasarda à se redresser doucement. Lily. L’angle dans lequel il était précédemment allongé sur le sol ne lui avait pas permit de voir la tâche rouge sur son chemisier. La panique l’enserra. Elle s’était blessée. Elle s’était blessée, peut être en le bousculant mais pourquoi avait elle fait ça ? Il ne comprenait pas. Ce qu’il savait, c’est que ce n’était certainement pas pour le protéger lui. Il repoussa la jalousie, la mis temporairement dans un coin de sa tête. Elle souffrait. Il se frotta le crâne et articula lentement, sa voix tinta à ses oreilles.

-Evans, tu devrais aller à l’infirmerie.

Il ignorait qu’il reprenait les mots de Snape, à vrai dire, il en avait presque oublié sa présence. Presque. Il avait entendu distinctement ses derniers mots, et l’envie de meurtre revenait au galop, mais ils n’avaient plus le temps. Rusard arrivait. Lily posa les yeux sur lui, il ne parvint pas à déchiffrer son expression cette fois. Il cru la voir rougir mais elle se détourna rapidement et partit sans un regard en arrière. Il se mordit la lèvre inquiet. Un mouvement de Snape lui fit tourner la tête. Impénétrable, il fixait le concierge. La haine se fondit entre eux. James reporta son attention sur Rusard et se recomposa un air nonchalant. Il n’avait strictement aucune idée de ce qu’ils allaient pouvoir lui dire mais le voir approcher un air satisfait sur le visage l’amusa pour une raison qui lui échappait. James n’avait strictement rien d’un élève prit en faute.

Dans leurs paires de prunelles se nichaient de drôles de corbeau hantant leurs nuances noisettes pour l’un & ébènes pour l’autre. Située entre leurs deux corps, Lily se demandait comment elle en était arrivée là. Elle analysa un peu l’état de son bras & savait que la blessure était assez superficielle pour ne pas avoir besoin de soins nécessaires. Potter par contre, semblait encore sonné & à la façon dont il s’était maladroitement réceptionné au sol, il y avait pas mal de chances qu’il en porte quelques séquelles. Rusard s’avançait ricanant, la lueur dans le regard, ce n’était pas de bonne augure. Severus semblait vouloir s’occuper des explications. En tout cas, c’est ce que la rouquine crut déceler derrière ses mots. N’était-ce pas une façon de la congédier ? Lily s’approcha de James en se mordillant la lèvre et l’aida à contre cœur à se relever en lui tendant la main. Il valait mieux qu’ils aillent à l’infirmerie avant que le concierge ne leur tombe dessus. A vrai dire, elle avait peur que le conflit ne se recrée quand la discussion démarrerait. Oui, James et Severus étaient capables de s’entretuer sous le nez du vieil homme aigri. Les heures de retenue n’étaient qu’une habitude pour James & Severus était assez irrité pour ne songer qu’aux conséquences. Les hommes et leur fierté… La jeune fille dû réprimer son envie de vomir quand le visage de James s’illumina sur la main qu’elle lui offrait. Il s’en empara lentement comme pour savourer l’instant.

Dépêche toi ! Nom d’un gnome Rusard approche !

Le gryffondor obéit et s’obstina à garder dans l’étau de ses doigts, ceux de Lily. Il exerçait une pression telle que la gryffondor hésitait même à lui balancer un sort. Malheureusement, il ne fallait rien faire d’imprudent alors que la scène était déjà compromettante. Il caressa de son pouce le dos de sa main & la jeune fille ne put résister davantage. D’un discret petit mouvement, elle heurta le tibia de Potter avec le bout de sa chaussure. Ce dernier sembla tout à coup feindre un malaise pour s’accrocher à l’épaule voisine mais la jeune gryffondor lui donna un coup de coud dissuasif & étrangement, James retrouva son équilibre.

On va à l’infirmerie.

La jeune fille tira sur la manche de son condisciple afin de le conduire vers le lieu convoité, non sans jeter un ultime regard à son meilleur ami qu’elle quittait avec d’étranges remous au sein de son cœur. Elle avait cette désagréable impression de retourner dans son camp en le délaissant dans le sien. Il lui sembla soudainement si seul & si désemparé dans ce coin du hall. Ses yeux étaient braqués sur Rusard mais elle savait mieux que les autres qu’il l’observait du bout des cils s’éloigner avec son pire ennemi. N’y avait-il rien de plus frustrant qu’un dos aimé qui ondule vers l’horizon en compagnie d’une autre âme ? La rouquine lâcha le pull de Potter une fois qu’ils eurent semé la pièce et dans un silence morne & crispé, ils évoluèrent vers l’infirmerie.

Ils atteignirent le bureau de Mme Pomfresh en un rien de temps. Cette dernière était cependant occupé avec un troisiéme année atteint d’une drôle de maladie, contractée après un cours de potion semblait t-il. Un accident. Un breuvage étrange. Lily s’assit alors sur un lit vide en attendant et profita de cette attente pour relever délicatement sa manche afin d’observer l’étendue de ses écorchures. Son chemisier en tout cas était fichu… Potter la fixait avec un peu trop d’insistance et elle releva ses prunelles pour le toiser. En observant mieux son visage, elle vit avec effroi qu’il avait un peu de sang contre sa tempe gauche et sur son front. Il s’était blessé finalement.

Tu saignes !

Il fallait absolument une compresse. Dans un geste purement instinctif, Lily s’empara d’un essuie traînant et le posa sur la tête de son condisciple. Ce dernier un peu surpris par l’approche soudaine de la jeune fille, bascula sur un lit proche et ci assit. Il la regarda complètement hagard en souriant d’une manière complètement stupide. Lily prit la main de James et l’obligea à tenir la serviette qu’elle avait placé au sommet de son crâne. Elle put ainsi retrouver les quelques mètres garantissant sa sécurité qu’elle s’imposait en présence de Potter et se rassit sur le lit d’en face.

Potter était toujours allongé à terre et faisait une drôle de tête. Severus put alors voir quelques traces de sang sur sa tempe et dans ses cheveux. Il retint un soupir. Voilà que le Gryffondor était blessé lui aussi. Merlin ! Lily avait examiné son bras et tendait maintenant sa main à son camarade de maison pour l’aider à se relever. Était-elle obligée de faire ça ? Si cela n’avait tenu qu’à lui, Severus l’aurait laissé se démerder avec Rusard. Mais elle était altruiste. Beaucoup trop d’ailleurs. Il leva les yeux au ciel.

Le temps que Potter se relève, Rusard avait déjà presque gagné le lieu où s’était déroulée la scène. Si Lily voulait s’en tirer, il était plus que temps qu’elle s’esquive ! Il voulut lui murmurer quelque chose mais c’est à ce moment-là qu’elle tira sur la manche de Potter pour l’emmener avec elle. Il pinça les lèvres. Très fort. Seule un trait fin et blanc marquait à présent le bas de son visage. Ses iris étaient noirs. Il savait que ce n’était rien. Il savait qu’ils devaient tous deux aller à l’infirmerie et que c’était pour ça que Lily l’avait pris avec elle. Mais quand même. Les voir s’éloigner tous les deux lui meurtrissait le cœur. Il essaya d’en contrôler les battements et se retourna pour faire face à Rusard, qui le regardait avec un sourire narquois. Le jeune homme se retint de soupirer bruyamment. Le concierge de Poudlard lui avait toujours inspiré dégoût et aussi... pitié. Mais ce n’était pas le moment de le lui montrer. Aussi maintint-il sa position ferme et adopta-t-il un ton froid et contrôlé quand il dut répondre à ses questions.

L’interrogatoire ne dura pas longtemps. Rusard avait vu ce qui s’était passé de loin, malgré une vision quelque peu troublée par le flot d’élèves qui circulait devant lui au moment précis du « duel ». De plus, il n’était pas du genre à requérir la version d’un élève. Severus n’eut pas grand-chose à dire, ce qui l’arrangea. Il n’avait pas grand-chose à dire. Et moins il en disait, mieux ce serait pour Potter. Un long discours l’aurait forcément amené à devoir trop... expliciter les choses.

Rusard n’avait pas su voir leurs visages de loin, Severus le comprit bien dans ce que le concierge laissa sous-entendre. Mais la chevelure de feu de Lily était difficilement impossible à ne pas remarquer. Et le jeune homme se doutait bien que Rusard avait pu percevoir la couleur de leurs uniformes. Néanmoins, il était le seul à se présenter à lui. Les deux autres étaient des Gryffondor. Et comme les Serpentard ne traînent pas avec les Gryffondor, Rusard ne saurait qui accuser parmi les rouge et or, vu qu’ils n’étaient normalement jamais ensemble. Mais Severus allait devoir recommander à Lily de faire attention. Le déclin du jour n’avait sûrement pas suffi à masquer la couleur de ses cheveux. Et bien qu’elle ne soit pas la seule rousse présente à Poudlard, il valait mieux être sur ses gardes.

Après quelques minutes, le concierge le laissa, non sans lui avoir pour autant mis une retenue deux jours plus tard. Mais Severus n’en avait cure. Ce n’était pas sa première retenue, et ce ne serait sûrement pas sa dernière avec Rusard. Il commençait à le connaître et il était tellement facile de le duper... c’en était presque risible. Le seul point négatif de cela était qu’il aurait moins de temps pour lui. Or le temps était ce qui lui manquait le plus en ce moment.

Il réajusta sa cravate et défroissa son uniforme avant de partir du Hall d’entrée d’un pas léger. Il hésita un instant sur la direction à prendre. Dans sa tête flottait toujours l’image de Lily entraînant Potter à sa suite en le tirant par la manche. Ils devaient encore être à l’infirmerie. Devait-il aller les attendre juste devant ? Il eut une moue imperceptible. Peut-être que Rusard le guettait toujours dans l’ombre et attendait justement qu’il s’y rende. Mais en même temps, qui pouvait s’attendre à ce qu’un Serpentard s’inquiète pour une Gryffondor ? Cette pensée envahissant son esprit, il prit lentement le chemin de l’infirmerie, vérifiant de temps en temps s’il n’était pas suivi...

En un regard elle s’était extirpée du tourbillon abstrait. Avec lui. James avait cru un instant qu’elle allait faire demi tour, aller vers l’autre, lui murmurer quelques syllabes une lueur un peu trop verte dans les yeux, un peu trop affectueuse. Mais non. Elle s’était tournée vers lui, sa main attachée a son pull comme pour arrêter les quelques foulées qu’il avait entreprit mentalement pour mener une autre bataille. Ce n’était pas fini. Ca ne finirait pas. Aucun gagnant finalement. Ils avaient tout les deux perdu.

Vertige. Léger mais présent. James cligna des yeux & Lily s’éloigna. Encore. Toujours plus de distance, d’éternelles déviations. Elle lui échappait constamment. Ce n’était pas le moment de courir derrière elle. Lily balançait sa rage & son dédain en les projetant en masse dans le couloir vide. Ses cheveux suivaient ses mouvements, ondulaient doucement. Sa manche rougit par le sang remuait au rythme de ses pas. Elle semblait l’avoir complètement oublié. Silence.
Infirmerie. Il salua Mme Pomfresh, les yeux toujours fixés sur la jeune Griffondor qui jetait un œil au malheureux patient. Le sol tanguait un peu & des vrilles saccadées lui lacéraient le crâne. Elle s’assit sur un des lits & remonta sa manche déchirée. James serra les mâchoires, elle n’aurait pas du être blessée. Pourquoi l’avait-elle bousculé ? Il s’apprêtait à formuler sa question à voix haute quand elle s’exclama quelque chose. Saigner ? Pourquoi ? Il eut à peine le temps d’effleurer sa tempe du bout des doigts & de retenir une grimace que Lily réapparu dans son champ de vision en quelques trainées enflammées. Elle fit bouger le monde en lui mettant quelque chose sur le crâne. Il leva les yeux vers elle. La moue contrarié qu’elle arborait le fit sourire. Elle s’inquiétait peut être ? Il n’avait pas tout perdu.

Lily s’empara de sa main, fermement, & la mit en contact avec le tissu. Elle recula & se laissa tomber sur le lit en face. James continua à la détailler. Des semaines qu’elle l’avait évité, des semaines que son expression pour lui n’avait été que le dégout & la haine. Elle regardait par la fenêtre, perdue dans ses pensées. Faisait mine de l’ignorer. Il voulait dire quelque chose, déplacer un peu les pierres qu’elle avait mises en place entre eux. Frontière inconcevable.

Merci.

Elle ne répondit pas, il n’y avait rien à répondre. James avait comprit que ce qu’il s’était passé dans le couloir, lorsqu’il l’avait embrassée l’avait meurtrie à un point qu’il n’arrivait pas un saisir. Non. Il ne comprenait pas. C’était une envie inexorable, un quart de seconde d’irréflexion. Une erreur sans doute puisqu’ils en étaient là. Il n’avait même pas pu s’excuser devant tant de courroux & d’aversion. Elle ne lui avait jamais laissé le temps. James se mordit la lèvre.

Je suis désolé, Lily.

Les secondes s’écoulaient paresseusement. La Griffondor releva les yeux lentement. Emplie d’indignation. Oui, il lui avait adressé la parole directement. Lily, seconde erreur. Il n’y avait aucune familiarité entre eux, pourtant c’était le nom qu’il lui donnait mentalement. & les excuses. Elle avait certainement déjà comprit ce pourquoi il s’excusait. James affronta les émeraudes s’apprêtant à la tempête.

Cyniquement, la scène s’amplifia dans un sens que la rouquine n’aurait pu prévoir un instant plutôt. James, à moitié affalé dans le lit, blessé, jouant la carte de la fragilité derrière des intonations raisonnant plus ou moins sincèrement aux oreilles de la jeune fille. Seulement, seulement, ce n’était pas le bon lieu ni le bon moment – juste après une bagarre furtive entre lui & Severus & ce qu’il ajouta à la fin de ses excuses arracha à Lily un frisson d’effroi. LILY ? Depuis quand il s’abaissait à appeler quelqu’un par son prénom ? Ou plutôt depuis quand est-ce qu’il se croyait permis d’une telle intimité avec elle ? La gryffondor le toisa d’une manière glaciale.

Je crois qu’un milliard d’autres phrases du genre ne pourrait gommer ce que tu as fait pas plus que le dissiper un peu. Alors Potter, tais toi.

La pression qu’elle exerçait contre sa poitrine avec ses bras croisés aurait presque pu lui briser ses côtes tant elle s’efforçait de canaliser sa rage dans ce simple geste. Elle n’aimait la façon dont il essayait de la mnaipuler en cherchant à atteindre sa sensibilité. Elle était certaine que ses intentions n’étaient pas totalement pures, c’était impossible ! James Potter attachait trop d’importance à son image pour se soucier d’une action menée sur un coup de tête… Surtout que pour lui ce genre de rapprochement était commun ! Il avait déjà plusieurs prénoms de filles qui avaient marqués leur présence sur ses lèvres. Un nombre moindre comparé à son meilleur ami, Sirius Black mais néanmoins plus élevé que celui de la rouquine. Elle le maudissait de tout son être, il venait de la forcer par ces pitoyables paroles à se rappeler de ce souvenir qu’elle tentait en vain de refouler. Mais en se remémorant les faits, la jeune fille ne put s’empêcher d’éprouver un besoin destructeur d’évacuer son venin sur l’être qui était toujours vautré dans le lit d’en face.

Si tu oses me toucher encore une seule fois & je ne plaisante pas, je te tuerais de mes mains. C’est bien compris ? Il faudrait que tu apprennes que tout ne t’aies pas acquis Potter & encore moins ma personne que le reste ! Puis si tu pouvais arrêter de provoquer sans arrêt les gens, franchement, je parle au nom des gryffondors, ça serait un soulagement collectif… Tu es tellement égoïste que tu ne te soucies pas de l’impact de tes actions sur les gens… & c’est écoeurant, ! Les gens comme toi, sans cœur, n'éprouvant aucune empathie, je les méprise au plus haut point.

Lily tourna alors son regard vers l’infirmière afin de ne pas continuer son monologue moralisant. Mme Pomfresh arriva en grande hâte près de James & en quelques sorts ainsi que quelques mixtures, le gryffondor en ressortait avec une légère blessure mais rien qui ne pourrait pas disparaître dans la semaine. La gryffondor nota néamoins l’effort que fit James pour ne pas plier sous la douleur quand la sorcière déversa sur sa plaie une potion à l’odeur douteuse. La rouquine ignorait encore si elle trouvait sa façon d’encaisser la souffrance tout simplement futile ou bien complètement courageuse. La femme s’éloigna à nouveau pour s’enquérir de son autre patient délaissé pour James. La jeune fille attendit alors sagement que osn tour vienne. Autant que les égratignures s’en aillent plus vite que le rythme « normal » & naturel des choses. Lily observa le jeune homme qui ne bougeait pas d’un poil, s’appliquait à communiquer encore une fois sa culpabilité mais cette fois ci par biais visuel. La jeune gryffondor soupira lourdement.

Tu ferais mieux de retourner aux dortoirs ! Tu n’as plus rien à faire ici non ?

Lily se demanda combien de temps il allait encore s’obstiner à la faire changer d’humeur & d’avis. Mais elle était plus têtue que tout quand il s’agissait de James & de ses bêtises répétitives. Il n’était pas au bout de ses peines.

Les icebergs n’auraient jamais pu rivaliser avec ce qui se diluait dans les yeux de la jeune fille. Elle croisa les bras, sa position défensive habituelle. De simples excuses. Lily serrait les dents, sa mâchoire contractée en un amas de rage retenu. Il cru un instant être « sorti d’affaire » car elle ne combla plus le silence qu’avec des ondes venimeuses & furibondes. Il avait fait ses excuses. Le premier dès était lancé. James cru encore quelques secondes à sa chance. Ce cyclone là l’ébranla plus qu’il ne s’y attendait. C’était habituel pourtant. Amer & mordant, comme les autres mots d’ailleurs, ceux d’avant, ceux qui viendrait. Il aurait du s’y attendre à la longue, mais non. Elle savait traverser ses barrières. James affronta néanmoins chacune des bourrasques glacées. Il pensa même à la trouver belle. Il rit intérieurement, si ce n’était pas une forme de masochisme ça aussi… Pomfresh arriva, coupant court à la tirade de la jeune fille. James la laissa faire, bien trop lassé pour dire quoique ce soit. Il répondit machinalement à ses questions, elle n’insista pas, sachant pertinemment qu’elle ne saurait jamais précisément comment ils s’étaient blessés. L’infirmière avait l’habitude de le voir débarquer. Quelque chose de froid & piquant lui fit serrer les dents. Il compta mentalement les secondes, notant que la Griffondor, toujours assise en face de lui le regardait d’un air étrange. James songea qu’il aurait bien voulu savoir lire dans les pensées, surtout dans celles de Lily. Peut être pourraient ils au moins arriver à communiquer… Il n’en demandait pas beaucoup. A ce stade, les chimères tendaient leurs langues émoussées. Moqueuses. Si la lutte était vaine, il aurait au moins tenté.

La douleur s’effaçait graduellement & il s’obstina à poser ses iris chocolat sur la jeune fille. Quitte à se faire rabrouer, il n’était plus à ça près. Une, deux, trois… un soupir. Ca y était. Elle ne se calmerait pas si facilement.

Je t’attends.

Evans s’apprêtait clairement à renvoyer quelques aiguilles aux allures de stalactites.

Le couvre feu est passé. Justifier notre présence sera plus simple si nous sommes deux. & Peeves traîne un peu trop vers le septième étage.

Excuses médiocre, il en était conscient. Il fallait bien feindre de donner le change. Il était têtu lui aussi. Elle n’eut pas le temps de répliquer, Pomfresh s’affaira à gommer les éraflures sur son bras. Il sourit simplement lorsqu’elle lui lança un regard furibond. Une fois sa tâche terminée Pomfresh leurs recommanda de ne pas traîner dans les couloirs & de se reposer puis les congédia. James se leva prudemment & se dirigea vers la porte. Il ne poussa pas le vice jusqu'à tenir la porte à la Griffondor qui le suivait, mais se contenta simplement de passer devant, gardant une main sur la surface de façon à en soulager un peu le poids. La jeune fille voulu prendre les devant, il calla aisément ses pas aux siens respectant tout de même la distance qu’elle mettait entre eux deux. Ce n’était pas le moment de faire voler les quelques morceaux de cartes qu’il remettait en place lentement dans un ensemble brouilloneux à souhaits. Son crâne bourdonnait un peu mais c’était supportable. James risqua un coup d’œil vers sa camarade. Elle regardait droit devant elle, désirant –sans doute- ardemment absorber le trajet le plus rapidement possible. James soupira.
Combien de parois allait-il encore laisser érafler ?

La rouquine ne répondit pas un mot quand Potter se justifia avec des arguments qui étaient justes mais futiles. Néanmoins, il n’avait pas tout à fait tort… Madame Pomfresh acheva de rafistoler Lily et ils purent ainsi se mettre en route. La jeune fille remarqua que le jeune homme faisait des efforts incroyables pour rester dans ces bonnes grâces alors qu'ils parcourraient les couloirs les séparant de leur tour. Arrivés aux escaliers, ils tombèrent nez à nez avec Peeves. Le fantôme roucoula de plaisir & se mit à chanter à tue tête. « Potter & Evans sortent la nuit en cachette pour batifoler, regardez les regardez les s’embrasseeeer. Potty est ravi ». La jeune fille allait explosé à l’encontre du spectre mais alors qu’elle chercha à s’approcher de lui, James la tira à vive allure en arrière. Le fantôme avait en effet en sa possession une belle cargaison de bombabouses & il venait d’en jeter une à leurs pieds, l’endroit exactes où Lily se trouvait un instant plus tôt. Peeves s’éloigna en criant de plein poumons sa nouvelle sérénade & la jeune fille se mordit la langue si violemment que des larmes violents naquirent au creux de ses prunelles. Elle écarta l’emprise de Potter sur elle puis analysa l’état du sol.

On ferait mieux de s’empresser… Si Rusard voit ça… Juste après l’histoire de tout à l’heure, on est mort…

James approuva vivement & ils se dirigèrent d’un pas un peu plus vif vers leur dortoir. La distance les séparant s’était amoindri au vue de la situation dans laquelle ils étaient embarqués… Bien que cela ne sembla pas inquiété le jeune gryffondor qui avait l’habitude d’être pris sur le vif, la jeune fille ne voulait en aucun cas être mêlée à ce genre de choses. Un miaulement les alerta que derrière l’angle du prochain couloir, la chatte de Rusard guettait les troubles fêtes. Alors que la rouquine s’apprêtait à courir dans la direction opposée, son condisciple s’arrêta soudainement devant une tapisserie. Il la poussa afin de dévoiler une issue improbable entre deux murs. Bien sûr, il connaissait les passages secrets de Poudlard mieux que quiconque ! Lily ne dût pas y réfléchir à deux fois. En temps normal, se glisser dans la peau d’une acolyte du jeune garçon l’aurait fortement déplu mais à ce moment précis, peu importait le chemin, il fallait qu’ils regagnent leur lit avant de ne faire payer leur maison de leurs actions – et dieu seul savait à quel point ils n’avaient pas besoin de perdre davantage de points. Et puis toute cette histoire n’était qu’un terrible malentendu. La jeune fille passa devant & ils évoluèrent en silence dans un long couloir noir encre. La gryffondor stoppa sa marche nette quand elle entendit un craquement douteux quelque part au dessus de sa tête. Sans lumière, il était difficile de déterminer la proximité de l’autre aussi, James heurta Lily avec violence. Ce qui la fit sursauter alors qu’alerte elle écoutait le moindre bruit. Elle donna un léger coup de coud dans le ventre de Potter pour marquer sa rancune.

Tu pourrais faire attention ! Nom d’un troll ! Mais où sommes-nous ? Tu entends ce bruit ?

De l’eau s’écoulait derrière les murs qui les protégeaient de Rusard & la jeune fille se trouva stupide d’analyser chaque son. Elle avait vu dans Poudlard des choses plus anormales que ça ! Il y avait bien une salle qui se matérialisé sur demande… La gryffondor reprit leur course là où ils l’avaient laissé & finit par atteindre le bout du tunnel. Ils avaient atterri dans le couloir qui menait à la classe d’enchantements. Autant dire qu’ils s'étaient grandement éloigné de leur but.

Bon sang… Tu ne connais pas d’autres passages dans le coin pour qu’on aille plus vite ? J’ai l’impression que Rusard n’est jamais très loin… Quel horrible personnage..

La jeune fille ne se rendait pas compte qu’elle s’exprimait doucement alors qu’elle s’adressait à Potter. Il fallait dire qu’il venait de les sortir d’une situation bien plus qu’épineuse…

Peeves. Il aurait du faire plus attention, bien sur ce chemin là était le plus rapide & ils étaient épuisés mais il n’aurait pas du relâcher sa vigilance. La chanson aurait pu le faire sourire si l’air crispé de la Griffondor n’envahissait pas son champ de vision. Elle fit quelques pas, il entrevit immédiatement ce qui allait se passer & l’attrapa vivement avant qu’elle ne se retrouve couverte du liquide nauséabond des Bombabouses. Ses nerfs, déjà rudement mis à l’épreuve ne supporteraient pas encore d’autres contrariétés & James ne savait que trop bien qui en ferait les frais. Aussi il se contenta d’acquiescer lorsqu’elle le pressa de quitter les lieux. Jugeant le passage par les escaliers bien trop repérable, il préféra passer par le bas, ils emprunteraient le tunnel du troisième étage derrière le miroir, qui les conduirait directement au sixième étage. Lily s’étaient cette fois callé sur son allure, il s’était instinctivement hâté. Oh bien sur, une retenue de plus ou de moins ne le ferait pas sourciller mais il se doutait que la jeune fille n’était pas de cet avis. Elle était préfète tout de même.

Miss Teigne, évidement. Cela ne devait pas être si facile. Il était avec Lily après tout…La Griffondor faisait déjà demi tour mais il était trop tard pour tenter une retraite. Rusard aurait le temps de les apercevoir. Il l’attira derrière la tapisserie qui se trouvait à quelques pas & qui, par chance se trouvait être l’entrée d’un passage secret. James l’empruntait assez souvent, généralement pour gagner quelques minutes de sommeil lorsqu’ils avaient cours d’enchantement dans la matinée. Non négligeables étant donné la distance de la salle à la tour. Cela ne ferait qu’allonger leur trajet mais pour le moment, il n’avait rien de mieux. James chercha le mécanisme du bout des doigts & attendit que Rusard parle pour pouvoir l’enclencher. Cela fait il tira Lily à l’intérieur. S’éloignant un peu pour sceller le passage à l’aide d’un sort il retourna vers la jeune rouge & or et la percuta abusé par le manque de lumière. Il récolta un coup de coude, léger & sourit un peu. Il n’aurait jamais pensé être « en cavale » avec Lily.

C’est un passage secret que j’ai découvert avec Sirius il y a un bout de temps… Rusard avait pourtant cessé de trainer dans cette partie du château.

James cru bon d’allumer le bout de sa baguette & nota que Lily étudiait le moindre bruissement. Il l’entraina alors au bout du tunnel & murmura une formule pour ouvrir la porte. Le couloir devait être désert à cette heure tardive Flitwick devait être en train de ronfler. Lily desserra les lèvres & il nota avec ravissement qu’ils étaient capables d’avoir une conversation civilisé. C’était un début. Néanmoins, il se reprit rapidement.

Ce n’est qu’un détour… Rusard n’aura pas le temps de nous coincer si on se dépêche, cette vieille gargouille grinçante n’a pas encore le pouvoir de traverser les murs.

James reprit sa marche sans hésiter, se retournant tout de même pour voir si la jeune fille n’était pas trop morte de fatigue. Poudlard était certes, pleins de surprises mais les couloirs restaient interminables. Elle suivait, l’air d’appréhender un peu le prochain obstacle. James l’entraina vers les escaliers extérieurs & ils montèrent d’un étage. Rusard aurait l’idée de descendre par l’intérieur, il était si prévisible. Lily peinait un peu, il faillit lui tendre le bras mais s’abstint sachant pertinemment qu’elle le prendrait mal. A la place il ralentit un peu.

Ca va ? Nous y serons bientôt.

Arrivés à l’étage supérieur, James avisa les environs. C’était l’étage de Mac Gonagall & il n’était jamais sûr de rien en ce qui la concernait. Elle était complètement imprévisible & d’après Peter, insomniaque. Certainement à cause de sa forme d’Animagi selon Remus, il faudrait qu’il se penche sur la question.

C’était le passage le plus pénible de leur périple. James jeta encore un coup d’œil vers le couloir avant de poser les yeux sur Lily. Les autres lui en voudraient sûrement mais il n’avait pas le choix. Sans un mot il s’approcha de Lily qui le regardait, méfiante & sortit sa cape d’invisibilité. Elle ouvrit des yeux ronds, réaction habituelle, on lui avait souvent dis que sa cape était étrangement plus efficace que les autres. Il la déploya sur eux deux & après s’être assuré qu’elle les couvrait correctement il se tourna vers la jeune fille & lui sourit.

Une simple mesure de précaution.

Le mot "précaution" resonna comme une plaisanterie sur le bout de ses lévres, il s'en amusa. Cette nuit était parfaitement inédite.

Alors qu’ils se trouvaient à l’angle du couloir suivant, Potter arrêta là leur marche. Une hésitation déchirait ses traits en les crispant d’une façon discourtoise. Le temps que James rassemble ses idées, permit à Lily de se frotter discrètement les yeux. Premier signe qui trahissait son épuisement physique & émotionnel. La journée n’avait pas été de tout repos à commencer par le cours de métamorphose qui s’était révélé excessivement éprouvant alors que le professeur McGonagall s’évertuait à leur faire changer un poisson en pierre. Lily était l’une des seules à avoir réussi à faire en sorte qu’aucunes arrêtes ne transparaissent sur son morceau de roche ce qui s’était avéré un exploit en soi. La rouquine rassembla le reste de sa lucidité alors que la fatigue courrait sur ses membres, les engourdissant depuis que toute activité musculaire s’était éteinte. Elle cru d’ailleurs s’être assoupie quand le jeune homme lui présenta une étoffe luisante semblant aussi fluide que du liquide. Elle devait rêver, il n’y avait pas d’autres explications. Comment Potter pouvait avoir en sa possession une cape d’invisibilité ? Elle ne pouvait s’y tromper, elle avait lu plusieurs choses là dessus & avait même pu en apercevoir sur le chemin de traverse. La matière du textile absorbait la lumière rendant la couleur qui par ailleurs la caractérisait du titre d’invisible, indéfinissable & à la manière dont le jeune homme lui présentait la parcelle de tissu, elle comprit que ça n’était pas n’importe quelle cape qu’on trouvait dans le commerce. Celle ci semblait bien trop précieuse vu la façon dont il l’avait délicatement extirpé de son sac & connaissant suffisamment le jeune garçon pour savoir qu’il n’avait pas un respect franc pour les choses matériels – son balais faisait exception évidemment, elle ne doutait pas une seule seconde de la valeur de ce qu’il possédait au creux de ses paumes.

Quand il appuya son geste de paroles, l’incrédulité de la jeune gryffondor amplifia car ce n’était pas le sommeil qui la faisait délirer. De toute évidence, cela était réel & se déroulait bien sous ses prunelles ébahies. Elle le dévisagea comme si il était un parfait crétin. Une cape d’invisbilité ? Ce genre de choses interdites à Poudlard qui plus est… & il la déballait devant elle comme si cela était naturel. Pire, il en sembla fier. Crétin d’arrogant. Dans quoi est-ce qu’il l’embarquait désormais ? En fuite avec lui. Mais à quoi pensait-elle ? Elle allait avoir un rapport si ils se faisaient prendre. Elle, préfète de gryffondor. Quelle publicité pour leur maison. Il y en avait déjà suffisamment en temps normal avec Potter & Black. Elle ne voulait pas ajouté son nom à la liste. Surtout pas. Pour rien au monde.

D’un regard froid, elle toisa le garçon. Tout s’accéléra dans sa tête. L’objet en sa possession expliquait énormément de choses. & brusquement une phrase l’extirpa de l’instant présent. Severus avait un jour dit : « je suis sûr que Potter & sa bande se faufilent en douce le soir, je ne sais pas comment ils font pour ne pas se faire repérer mais ils ont un truc… ». Il avait raison. Crétine, elle lui avait dit qu’il était juste parano… Maintenant, elle savait qu’il y avait une part de vérité & elle était entendue sur les bras de son condisciple. D’un ton aussi glacial qu’un iceberg, elle s’adressa à son interlocuteur.

Aurais-tu oublier que je suis préfète Potter ? Je devrais te confisquer ça dès à présent ! C’est contre le règlement.

Alors qu’elle s’apprêtait à ajouter un peu d’huile au feu de sa tirade, des bruits de pas les alertèrent & dans la précipitation, James prit Lily par l’épaule & l’obligea à se glisser avec lui sous la cape. Ils furent forcés de se serrer pour être sûrs qu’aucuns de leurs membres ne dépassaient. Il n’y avait que Lily qui se sentait forcée à vrai dire, le gryffondor semblait ravi de devoir être aussi proche de la jeune fille. La silhouette du concierge ondulait sur le mur leur faisant face obligeant la rouquine à couper toute respiration. Il passa devant leur position avec cet horrible grimace de celui qui ferre la proie. Il jeta un œil à l’endroit exact où ils se trouvaient & Lily crut que c’en était fini. Rusard cependant, continua sa marche & les délaissa dans leur coin. Une fois, qu’il eut disparu, la jeune fille remplit avidement ses poumons en calmant les palpitations qui nourrissaient son cœur. Puis elle ôta le tissu de sa tête, refusant de jouer plus longtemps à cette comédie. Elle n’avait pas sa place dans ce genre de plaisanterie douteuse. Néanmoins, Potter venait de lui sauver la mise & bien qu’elle eut cruellement envie de le dénoncer auprès d’un professeur, elle savait qu’elle n’en ferait rien. La première raison c’était qu’elle n’était pas du genre à cafarder, la deuxième c’était que sa maison - notamment pour la victoire de la coupe en fin d’année - aller empatir & la troisième c’était que la découverte de ce secret apportait dans son sillage, un moyen de pression sur Potter afin qu'il se calme sur certains sujets qui agaçaient sa camarade. L’un dans l’autre, il avait vraiment fait une erreur en lui laissant le loisir de contempler ce trésor qui lui avait tant de fois permis de jouer au plus malin avec ses amis. Mais comment avait-il fait pour posséder pareil merveille ? Cette question intriguait Lily au plus haut point. Elle se jura cependant intérieurement de ne pas en faire part à Severus même si ce dernier pouvait échafauder des hypothèses plausibles. Lui n’hésiterait pas à vendre son stratagème. D’un soupir étendu, la gryffondor observa James.

Merci… Je veux dire, merci d’avoir pris la peine de me recouvrir de ce truc…

En voyant un sourire fendre le visage du garçon, la rouquine s'empressa d'ajouter quelques précisions à la situation.

Néanmoins, ne crois pas que nous en resterons là. Je veux que tu me donnes de bonnes raisons pour mentir au sujet de cette cape.

Elle croisa les bras sur sa poitrine en signe de détermination. Elle était bornée & le jour où elle cesserait de l’être, elle ne serait plus alors Lily Evans.

Le sourire fut détrôné. La froideur qui avait envahi les traits de la Griffondor le tordit un peu avant d’en faire une ligne mince & un peu amère. Ce n’était même pas une trahison, non. Il avait juste cru à des bêtises comme d’habitude. Il était vraiment le roi des crétins. Oh, bien sûr il savait qu’elle ferait quelques pas en arrière, mais il ne s’attendait pas à autant d’enjambées. Il pouvait presque l’entendre penser. C’était une entorse au règlement, elle était préfète, s’ils se faisaient prendre il y aurait des conséquences et blablabla…Elle ne voulait pas s’enliser bien sûr mais avaient-ils le choix ? James observa la jeune fille, les boucles cuivrées retombaient avec souplesse sur ses joues certainement délogées dans leur course dans les couloirs & ses yeux appuyaient l’acidité des paroles, tout juste proférées. Il se noya dans les émeraudes, le temps d’en assimiler la lueur, bien trop familière. Prendraient-ils un jour une autre teinte ? Y aurait-il dans les prunelles autre-chose que des éclairs flamboyants ? Après tout, s’ils ne s’étaient pas encore fait prendre c’était grâce à lui. Pourquoi était-elle toujours aussi agressive ?

Le bruit caractéristique des sabots de Rusard résonna contre le mur ou Lily était appuyée. Ils n’avaient plus le temps de tergiverser. Elle n’était pas stupide. James la prit par l’épaule et se glissa sous la cape avec elle. Il remercia Merlin pour la maladresse du concierge & leur position dans l’ombre quelque secondes plus tôt. Il aurait sans doute eu le temps de les apercevoir dans d’autres circonstances. Lily retenait sa respiration, elle semblait avoir frôlé l’infarctus & maintenant se risquait à une crise d’apoplexie. James s’amusait de l’air ravi du concierge, il allait bientôt déchanter en voyant qu’il ne les trouverait pas.

Ce fut au tour de James de ne plus absorber assez d’oxygène lorsque le dos de Lily entra en contact avec son bras. Il esquissa une mimique légèrement Poufsouffle & eut le temps d’apercevoir celle agacée de Lily avant de regarder la silhouette de Rusard disparaitre. Dépité, il redescendrait croyant certainement son chat en danger. Il faut dire que leur petite farce, la dernière fois, avait du être assez éprouvante pour ses « pauvres » nerfs…

James reporta son attention sur la jeune fille qui respirait à nouveau, & qui enleva la cape un air soulagé sur le visage. Elle était obstinée, il le savait pourtant. Ils n’avaient plus le temps, & il ne comptait pas camper ici. Sirius allait le tuer dés qu’il mettrait le pied dans le dortoir ou s’il avait de la chance, le lendemain mais il préférait encore cela à une énième visite au bureau directorial. Les discours étaient toujours les mêmes. Fatiguants. Se chamailler avec Sirius était déjà une perspective plus intéressante & il ne perdrait pas son temps.

Avant qu’il n’ait pu dire quoique ce soit pour lui expliquer la nécessité de se mettre sous la cape elle le remercia & bien que le mot « truc » ne soit pas approprié pour la précieuse étoffe il ne pu s’empêcher de sourire. La gène de la jeune fille se mua cependant bien vite en assurance. James ne s’attendait pas à une telle requête & une once de colère vint teinter les orbes noisette. Il l’observa encore quelques secondes & décida que non, elle ne le dénoncerait pas. Ce n’était pas son genre. & dans l’immédiat, elle n’était pas en position d’exiger quoique ce soit.

Il ferma les yeux, un peu lassé soudain.

Je propose que nous montions dans la tour d’abord. Je ne crois pas que ce soit le meilleur endroit pour discuter. De plus, nous sommes tout les deux fatigués.

Il désigna la cape sans lui laisser le temps de répondre.

Je suis désolé Evans, libre à toi de décider de passer la nuit ici ou de traverser l’étage en priant pour que McGonagall ne décide pas de se faire une tisane parce qu’elle ne dort pas ou que le Baron Sanglant ne vienne grogner au milieu du couloir prés de la salle d’arithmancie. Mais cette cape pourrait nous éviter tout ces désagréments.

Un peu trop brusque peut être. James soupira devant l’air choqué de la jeune fille qui n’avait pas l’habitude qu’il lui adresse la parole de cette façon. Il gâchait toujours tout. S’attendant à une réplique des plus acides il tenta de sauver les meubles, pour elle du moins. Chez lui ils étaient déjà perdus à ce stade.

Je te donnerais toutes les raisons que tu voudras dés qu’on sera là haut.

Les nuances émeraudes qui s’étiraient derrière les paupières de la rouquine semblèrent se dissoudre afin de laisser l’entièreté du globe oculaire à la pupille. Le noir de l’iris empiétait donc outrageusement sur les ondes vertes rendant la férocité de la jeune fille à son comble. Ses bras toujours liés autour de sa poitrine resserrèrent davantage leur étreinte. Peu importait si elle se brisait une ou deux côtes, c’était sa seule façon de ne pas étrangler son interlocuteur. Il était d’une arrogance nauséabonde & elle commençait à sévèrement s’impatienter. Au dessus du tout, du règlement & des gens, évidemment, meilleur en tout & brillant sans fournir d’efforts. Ce genre de personnage donnait à Lily l’envie de vomir. Néanmoins, elle su contenir sa rage suffisamment longuement pour se permettre de répondre sans hurler. Inutile d’alerter la bête qui guettait un peu plus tôt dans le couloir.

Ce n’est pas des raisons pour me faire taire dont j’ai besoin. Ce sont celles qui te forcent à utiliser cet objet…

« Il disparaît toutes les pleines lunes » La voix de Severus raisonnait encore au fond de son crâne. Grave & rauque. Avec en arrière plan, la tête couverte de griffures qu’arborait Rémus Lupin. Et si… Et si l’intention de Potter était de… La rouquine chassa ses pensées en hochant précipitamment de la tête.

Bien, plus vite on regagnera la tour plus vite tu seras m’éclairer, Potter. Cette fois, évite de me toucher.

Le ton abrupte de sa réplique força le jeune homme à ne pas déclencher un nouveau débat & ils démarrèrent tous deux vers leur dortoir. Lily gardait quelques doigts sur sa baguette au cas où Potter serait affecter d’une autre pulsion. Il faisait noir, l’école était déserte & à la lueur des bougies il était facile de se sentir proche de celui qui vous accompagnait. Dans ce cas, l’allié d’infortune était une de ses personnes qu’elle ne pouvait encadrer. Mais il demeurait qu’elle pouvait mesurer à la perfection la respiration qui soulevait & affaissait sa poitrine à intervalles réguliers. Partager cette intimité encombrante avec lui la rendait nerveuse. Elle avait l’horrible impression d’être exposée à quelque chose sans pouvoir riposter. Elle se sentait en position de faiblesse. Peut être était-ce parce que lui seul possédait leur seul moyen d’échapper à Rusard ? D’un coup d’œil vers la droite, elle le vit inspecter le mur proche comme à la recherche de quelque chose puis se raviser. Elle voulut faire de l’ironie mais de toute évidence, ce n’était pas le moment.

Une longue plainte les fit sursauter. Elle semblait venir de leur gauche mais impossible d’identifier la source exacte. Un homme, une bête ? L’hurlemment reprit de plus belle jusqu’à glacer le sang de la rouquine. Au dehors, la lune était ronde. Bien trop ronde d’ailleurs… La jeune fille frissonna d’angoisse. & en analysant davantage Potter, elle se rendit compte que ce n’était pas le sursaut qui l’avait englouti mais une franche déception. Comme si il avait perdu… ou plutôt oublié quelque chose…

La jeune gryffondor voulut presser le pas mais elle resta figer sur place alors que le cri s’éloignait de plus en plus jusqu’à devenir un murmure faiblard. Elle essaya de se secouer mais n’y parvint pas toute de suite. Un loup Garou ? Deux mains la saisirent par les épaules & elle fut vaillamment ballottée d’avant en arrière. D’un geste purement instinctif, elle sortit sa baguette & stupéfixia l’assaillant qui chuta au sol dans un fracas assourdissant. Lily prit alors conscience qu’elle venait d’attaquer James. Le pauvre garçon était étendu, inerte à terre. La jeune fille s’accroupit à sa hauteur.

Excuse moi… Je… Je t’avais dit de ne pas me toucher.

Elle exécuta la formule afin d’éveiller le corps du jeune homme bien que l’envie de le laisser là l’avait effleurée… Potter se releva lentement & fit face à la rouquine.

Dis moi juste si la chose qu’on a entendu … est loin ?

Intuitivement, elle savait qu’elle ne devait pas mentionner davantage avec lui & elle voulait faire preuve de tact. Si Rémus Lupin était bien ce que Severus avait prédit… James n’en dirait pas un mot. C’était bien la seule qualité qu’il possédait d’ailleurs, la loyauté. Lily aurait dû s’éloigner du jeune homme mais la frayeur encore trop fraîche dans sa carcasse engourdissait ses membres. Le mètre qui la séparait du jeune homme sembla davantage s’amoindrir car celui ci profita de la situation pour effectuer un mouvement ample en se redressant.

Si la définition d’un regard noir avait échappée pour une raison ou pour une autre à James il en avait le parfait exemple sous les yeux. Lily accompagna sa rage oculaire par quelques mots envenimés. Ce que surprit le plus James c’est qu’elle agrémenta les syllabes d’une mimique à la fois horrifiée & sceptique. Elle se reprit soudain & chercha l’échappatoire qu’il lui accorda sans broncher. Les éclats n’apporteraient rien de plus. Il y avait déjà bien trop de fissures. Le dégoût transperçait un peu trop mais il en avait vu d’autres. Lily prit les devants, comme habituellement, & il se contenta de calquer ses pas aux siens, habitué au silence et à l’ombre vacillante des couloirs. Ils évoluaient rapidement, James jeta un coup d’œil à un énième passage puis se ravisa : Lily ne supporterait pas un autre détour. Le Griffondor, nerveux, se passa la main dans les cheveux en voyant la lumière fantomatique filtrant les vitraux. Quelque chose n’allait pas & un hurlement déchirant le lui confirma. Le sursaut de Lily fit démarrer la ballade du désappointement dans ses veines. Un coup d’œil à la l’astre de la nuit confirma la méprise.

L’imbécile. Comment avait il pu laisser tomber Remus de cette façon ? James savait qu’ils n’en diraient rien mais qu’ils noteraient son absence. & Remus, Remus lui offrirait l’un de ses sourires résolu & lui dirait que ce n’est rien, qu’il avait autre chose à faire. Sirius le taquinerait, camouflerait gracieusement un reproche derrière une moquerie avec la légèreté qui pouvait lui être propre. Le cris s’estompaient et il était parcouru d’une honte sans nom car la souffrance de son ami restait intolérable. Là, tout de suite, James se sentait misérable.
Péniblement il s’extirpa du discours mental qu’il avait commencé où les mots « troll des cavernes, gnome amnésique…& autres » résonnaient sans discontinuer dans un non sens chaotique & désespérant au possible. Il trouverait un moyen de se faire pardonner. Correctement. & ils comprendraient. Il en était sur. James esquissa quelques enjambées, décidé à ramener la jeune fille dans son dortoir sans obstacles car il était conscient qu’ils en avaient pratiquement fait le tour cette nuit. Ce fut l’air affolé de Lily qui l’arrêta. Perdue dans un non lieu ou se mêlait l’égarement & la panique elle ne bougeait pas. James l’observa quelques secondes, indécis sur la marche à suivre. Elle semblait sur le point de résoudre un problème compliqué ou de se mettre à hurler. James posa précautionneusement ses mains sur ses épaules & la secoua un peu pour qu’elle reprenne ses esprits. Quelques secondes plus tard il fut projeté en arrière & un tourbillon de couleur l’assaillit pour finalement devenir…le plafond.

Aïe & re- aïe. Elle avait donc décidé de le mettre en pièces en ce jour d’octobre. Il ne lui connaissait pas autant de pulsions meurtrières même s’il en faisait les frais souvent. James attendit donc résigné qu’elle se calme & qu’elle lui redonne la liberté de ses mouvements, ce qu’elle fit, hésitante. Il était sur qu’elle avait réfléchis avant… Oh & puis elle n’avait fait que le stupéfixer, il aurait sans doute du tenter quelque chose. James se frappa mentalement, & se traita de crétin. S’il continuait comme ça il allait finir a St Mangouste dans le secteur blessures grave ou psychiatrie. Ouh…Il avait vraiment besoin de sommeil.

Il se redressa sur un coude avec une grimaçe pendant qu’elle articulait quelques syllabes qui mirent un temps a résonner dans son crâne brumeux. Il prit son temps avant d’acquiescer. Une lumière de compréhension vacillait dans les prunelles émeraudes & il fut un instant prit de vertige. Servilus posait bien trop de question gênante au professeur Scoraliev et si … James planta résolument les nuances noisette dans les yeux de Lily.

Nous ferions mieux de nous hâter, sinon nous ne tiendrons pas debout demain.

Pathétique mais plus raisonnable, la fuite. Il était pleinement conscient que si elle pensait ce qu’il pensait qu’elle pensait, elle ne serait pas dupe. Mais peu lui importait. Remus ne devait pas être inquiété. Il ne le serait pas par Lily certes mais si Servilus… Il se releva en serrant les poings. Ce fouineur ne payait rien pour attendre. Lily n’avait pas reculé ce qui l’étonna. Elle devait réellement être chamboulée. Il reprit la marche prenant soin de surveiller la progression de la jeune fille, il savait qu’elle pouvait se montrer maladroite lorsqu’elle était préoccupée & ils n’avaient que bien trop chuté aujourd’hui.

Le tableau se profilait au bout de quelques volées des escaliers capricieux. Il avait cru que le châtiment de Merlin les avait foudroyés lorsque les marches s’étaient détournées pour atteindre le couloir menant à la tour d’astronomie. Heureusement, aucun professeur n’était passé par là, & les prêfets avaient sans doute fini leur ronde depuis un moment ce qui n’avait pas empêché James de garder une main sur l’étoffe soyeuse & Lily de trembler de désespoir & de frustration, à bout de nerfs. James soupira en s’approchant de la Grosse Dame qui semblait être enclin à faire la conversation. Et par Godric, ce n’était vraiment, vraiment pas le moment.

La rouquine aurait presque eu envie de foncer au travers de la grosse dame tant elle voulait se retrouver blottie entre la douceur de ses draps. Avec un peu de chance, elle allait éviter toutes remarques suspicieuses de ses amies, peut être déjà endormies ? Lily le souhaitait secrètement car elle n’était pas d’humeur à exposer les faits & encore moins à accueillir les gloussements agaçants de ses camarades aussi exaltées par James que le troll à sa massue. C’était donc tout dire. Si elles avaient pu, elles auraient peut être même vendu corps & âmes pour pouvoir être Lily Evans & prétendre par cela à la cour de Potter. Ecœurant. Malgré ce détail, la jeune fille adorait littéralement ses condisciples & quand le dossier Potty surgissait de nulle part au milieu de leur discussion, elle ne plaçait généralement qu’un mot ou deux parmi le brouhaha de piaillements, une désapprobation & un soupir. C’était tout. Elle savait que les pièges de ce beau parleur aux attitudes rebelles pouvait porter à confusion le cœur des filles. Mais il ne l’aurait pas. Elle n’était pas en quête d’un amoureux qui savait se mettre en avant. Ca n’était certainement pas son objectif, loin de là. & un regard sur le côté suffit à renforcer ses barrières alors que le jeune homme lui offrait à nouveau ce sourire impertinent tout en calant excessivement vite ses pas aux siens. Lily leva les yeux jusqu’à qu’ils atteignirent les cieux, priant les Dieux de toutes les contrées de lui venir en aide. De lui donner la force nécessaire afin de retenir ses poignets. Elle voulait l’étrangler. C’était viscérale.

La grosse dame leur fit des signes cherchant à les saluer chaleureusement. Les joues rougies du portrait ne pouvait tromper personne, son amie la sorcière avait encore dû prendre place dans son tableau aujourd’hui afin de partager un peu de son nectar & de sa saveur avec elle…

Ô mes petits gryffondors, par tous les grands directeurs de cet école, vous m’avez fait peur… Quel plaisir de vous apercevoir à cette heure si avancée…

Fistibule

Figurez vous que les trois sœurs du tableau habitant au troisiéme étage nous a soudainement…

S’il vous plaît, nous aimerions dormir vite, aussi voici le mot de passe fistibule…

La grosse dame sembla dors et déjà irritée à tel point que ses sourcils ne formèrent plus qu’un angle imposant au dessus de ses prunelles qui crachait désormais des flammèches de haine.

Jeune fille, vous ne devriez pas me parler comme ça alors que vous êtes hors de votre dortoir pendant la nuit.

Le corps entier de la gryffondor se crispa sur place alors qu’elle s’apprêtait à exploser.

Je suis préfète. Veuillez nous laisser entrer, je connais le règlement, vous êtes obligés de nous laisser entrer quelque soit les circonstances.

La grosse dame haussa les épaules, mine de rien puis porta son attention sur James avant de ramener ses yeux avides sur la carcasse toujours figée de la jeune sorcière. Puis elle partit sur un long cri strident qui devait être une sorte de gloussement amusée d’après les bulles de lumière qui frétillaient alors dans son regard.

Je vois, vous êtes allé flirter en douce pendant que les autres dormaient… Ceci est intéressant… Le jeune délinquant, Potter qui bécote la plus brillante des filles de gryffondor après les heures de cours & qui plus est en pleine nuit dans les couloirs.

FISTIBULE !

Mais la grosse dame ne pivota toujours pas. Pire elle reprit son hurlement de chouette égorgée de plus belle. Lily se tourna vers James, la cause de toutes ses peines actuelles & le fusilla intensément du regard.

Fais quelque chose, sinon je vais faire un meurtre.

Le ton glacial qu’elle avait emprunté permit à la menace de se faire plus oppressante dans l’atmosphère alors que quelques personnages s’approchaient, visitant les tableaux voisins afin d’entendre l’histoire des deux tourtereaux captifs du lieu de leur pêché. Lily en devenait complètement folle à mesure que la légende naissait dans les murmures frénétiques des portraits. Chez les moldus, les peintures ont la décence de ne pas s’animer encore moins colporter.

Non d’un gnome, FISTIBULE !

La rouquine porta sa voix si fort que la rumeur née des toiles s’apaisa & la grosse dame daigna leur ouvrir le passage sans ajouter une seule syllabe à l’horreur qu’elle avait créer. Le crépitement du bois dans la cheminée fit frémir la sorcière, la chaleur qu’il dégageait lui fit prendre conscience du froid qui l’avait assailli durant leur course démente à travers le château. Aussi, elle se permit un instant de répits & s’assit face aux flammes pour en récolter un semblant de réconfort. Cet fin d’après midi était tout bonnement catastrophique. Derrière son dos, elle n’entendait rien. Son condisciple n’avait pas rejoint le fond de son lit donc. Allait-il enfin lui lâcher la grappe une bonne fois pour toute ? La jeune gryffondor se retourna & le toisa.

Laisse moi tranquille maintenant. Je te remercie pour … m’avoir aider à regagner notre salle commune mais ça s’arrête là. On aura une petite discussion plus tard en ce qui concerne cette cape. Pour le moment, je veux être seule.

La sorcière le savait, jamais il n’écouterait. D’ailleurs, il restait planté là à la scruter, la dévisager sans délier sa langue. Le silence retombait au creux de ses nuances noisettes, les rendant plus intenses que jamais alors qu’il la regardait, sa silhouette découpée uniquement par le récital des flammes qui s’acharnait à s’évaporer dans des lueurs semblables à celle qui teintait la chevelure de la gryffondor. & sans qu’ils eurent à être physiquement proche, l’intimité de l’obscurité alliée à celle du foyer qui avait pris place dans la cheminée rendait la situation inconfortable pour Lily. Elle n’aima pas partager des choses avec ce type. Elle n’aima pas qu’il la détaille de la sorte. Elle détestait ce qui animait ses iris. Elle détestait être la proie de ce prédateur.

Le feu crépitait doucement dans la cheminé, cherchant à imiter les lueurs qui habitaient les cheveux de la Griffondor. Elle s’était assise sur un des fauteuils bordeaux de la salle commune, son préféré, il le savait. Tentant de briser le sablier du temps qui avait été imparti à James, elle injecta dans l’atmosphère quelques mots aux accents secs & définitifs. Seulement il n’avait vraiment pas envie de dormir. Le hurlement perçait encore ses tympans, sonnant désespéré au milieu des images qui se succédaient dans son crâne. Sirius, Peter & Remus ne seraient pas là haut. A quoi bon monter ? Il y avait Lily ici & ensuite il y aurait dehors & la traque de la lumière lunaire qu’ils braveraient jusqu’au dernier rayon. Le plus ardu serait de les rejoindre bien sûr. Il faudrait bien calculer. James sourit, pauvre Mme Pomfresh. Si elle savait ce qu’il faisait de ses incitations au repos & au calme…

Elle était belle. Des milliers & des milliers de fois la constatation avait fusé dans sa tête. James s’autorisa un instant de flottement, assez pour apprécier le simple fait qu’il était présent & à quelques pas d’elle alors que quelques heures avant elle l’ignorait entièrement. Bon, oui elle l’avait toujours plus ou moins ignoré, mais ça avait été la période la plus compliqué que tout ce qu’il avait pu connaître. Ne riez pas, c’est pas drôle.

Lily semblait attendre qu’il s’en aille, ses ondes d’énervement parcourant encore le vide entre eux. La Grosse Dame l’avait agacée tandis que lui avait l’habitude de ses bavardages débordant d’hydromel ou de potins fraîchement recueillis dans d’autres toiles. Elle avait pas mal péroré ce soir. & quoique l’idée de bécoter Evans dans les couloirs lui paraissait merveilleuse, elle n’était pas encore tout à fait possible. Pas encore.

James s’appuya contre le mur. Il brisa la torpeur tranquille que leur avaient servi les flammes mais il en avait marre que ce soit toujours elle qui décide de son existence matérielle auprès d’elle. Après un regard à la fenêtre il commença d’un ton qu’il voulu mesuré.

Tu es peut-être préfète mais ça ne te donne pas le droit de me donner de tels ordres.

Regard noir, il sourit un peu.

Je n’ai pas sommeil. Je ne brise aucune règle.

La réplique cinglante de la rouquine finit d’effacer la chaleur des flammes. James se passa la main dans les cheveux & rendit les armes mentalement. Il n’y aurait lieu d’aucune discussion entre eux ce soir. Ses amis étaient quelque part en bas & lui était ici à essayer de comprendre les ondes de haine ineffable de Lily Evans. Sentant l’étoffe de la cape glisser sous ses doigts, James se résigna. Il se dirigea vers le portrait qu’ils avaient franchi quelques minutes plus tôt. Interloquée, Evans ne réagit pas tout de suite mais elle fut derrière lui a la seconde ou il allait ouvrir le passage.

Non.
Il n’aurait pas du dire qu’il ne brisait aucune règle.

La rouquine se posta derrière les talons de son condisciple, déterminée à en découdre avec cet énergumène une bonne fois pour toute. Cette journée- la soirée davantage- avait été éreintante & la chaleur se dégageant des braises encore vivaces dans le foyer ne faisait qu’amplifier l’engourdissement qui nouait chacun de ses membres. Pourtant, Lily trouvait encore cette rage quasi démoniaque de se poser entre Potter et ses stupidités à répétition. Cette lassitude n’avait d’emprise sur elle, la gryffondor n’arriva pas à se dégager du chemin. C’était sa soif de justice & d’utopie qui motivait ses actes, elle voulait tendre vers un idéal & cela démarrait avec ce qu’elle pouvait observer depuis sa modeste position. Si elle ne tentait pas de l’arrêter, elle le regretterait. Les regrets couvaient déjà par trop ses nuits. Face à elle, James Potter qui se tourna pour la toiser avec un sang froid ébranlé. Il n’avait pas qu’elle qui avait usé ses nerfs aujourd’hui. Cela était inhabituel & risquait d’être affligeant pour la suite des événements.

Dis moi quelle règle tu ne brises pas en ce moment même Potter ? Mais à quoi tu penses ? Cela te rend t-il plus important de franchir ce tableau pour gambader sur le règlement établi ? Quel image de toi ça renvoie tu crois ? Dis moi… Que je comprenne…

Lily serra si fort ses bras contre sa cage thoracique que ses os craquèrent légèrement sous la pression. Le jeune sorcier la dévisagea longuement, un air de défi courrait dans ses prunelles, chevauchait les nuances noisettes encerclant sa pupille. Il murmura quelque chose de déplacé & chercha à s’éloigner sans ajouter explication, mot ou autre son quelconque. En deux, trois enjambées, la rouquine le rattrapa & s’empara de son bras afin de l’immobiliser. Surpris de ce geste, le jeune homme sembla sursauté avant de se retourné lentement vers sa condisciple.

Mais où vas-tu…

Le sorcier décocha un de ses sourires qui d’ordinaire provoquerait les soupirs exaltés de ses groupies, en ce qui concernait Lily, seule une vague de mépris perturbait sa respiration. Tout en dévoilant sa dentition quasi parfaite, James porta sa main sur le poignet de Lily. Les doigts du gryffondor répandirent sur l’épiderme de Lily une onde de chaleur, ce contact n’était pas brutal ni sournois pour une fois.. Il referma sa paume offrant davantage de chaleur à la peau glacée de sa camarade ensuite, il se permit d’ôter la prise que la sorcière exerçait. Tout cela en conservant évidemment l’étrange rictus qui déformait ses lèvres. Etonnée par cette réaction – Lily s’était imaginée que le jeune gryffondor l’arrête avec un regard meurtrier, une réplique cinglante ou bien se dégage sans prendre le temps de la regarder – elle ne prit pas conscience immédiatement que le jeune homme avait glissé sa main dans la sienne avant de finalement la lâcher afin de passer derrière le portrait de la grosse dame. La jeune fille resta figée, impuissante & excédée. Mais à quoi venait-il à nouveau de jouer ? Maudit Potter. Il s’amusait à faire en sorte que chaque scène tourne à son avantage, qu’il ait le dernier mot, le dernier mouvement afin de se sentir victorieux. Mais la jeune fille n’était pas sa chose, elle n’était pas sa propriété pourtant toute l’attitude que le garçon venait d’avoir allait en ce sens. Quelle arrogance… Quel…

Crétin…

Lily grogna littéralement avant de décider qu’elle serait mieux au creux de ses couvertures qu’ici à fulminer contre cet idiot. De toute façon, il était parti & elle ne voulait pas le rechercher dans le dédale du château à une heure pareille. & Dieu seul savait ce qu’il était entrain de manigancer à cet instant précis. Plus loin, il se trouvait, mieux ça vaudrait pour elle. L’esprit encore agité par la dispute interrompue, la rouquine entra dans son dortoir sur la pointe des pieds & entreprit d'esquiver la valise d'une de ses amies. Elle enfila son pyjama très rapidement, noua ses cheveux en un chignon haut & se glissa dans ses draps. Le sourire tordu de Potter s’agglutinait encore à sa raison & elle dût le maudire encore quelques secondes avant de s’assoupir. Là où elle allait désormais, elle serait exempt de sa présence car cette nuit là, il n’y avait que Severus & sa bande d’amis pour hanter sa tête.